Les
services français chargés du traitement des demandes d'immigration,
particulièrement les dossiers des demandes introduites pour l'obtention du
statut de réfugié en France, ont-ils commis des erreurs d'appréciation ou
sont-ils, eux-mêmes, égarés dans les méandres d'une politique jamais assise sur
des bases clairvoyantes ? L'horrible crime qui a eu lieu vendredi 16 octobre à
Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où un enseignant a été décapité par un
élève tchéchène, résident en France sous le statut de réfugié, a provoqué un
choc terrible qui serait à l'origine d'un changement profond en matière
d'accueil des réfugiés et de gestion des cas dangereux parmi ceux qui ont,
déjà, bénéficié de ce titre avant ce triste évènement. Probablement que rien ne
sera plus comme avant après cet attentat terroriste. Avant, c'était la France
qui accueillait sur son sol avec des facilités déconcertantes certaines
personnes suspectes, drapées de l'activisme politique islamiste, généralement
en tant qu'opposants aux régimes arabes ou de pays avec lesquels la France
n'entretient pas de bons rapports. Aujourd'hui, c'est la France qui cherche à
expulser ces étrangers jugés dangereux, particulièrement ceux qui se trouvent
inscrits sur le fichier des signalements pour la prévention de la
radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Bien que l'auteur de l'attentat
terroriste de vendredi dernier soit un Tchéchène, M. Gérald Darmanin,
le ministre français de l'Intérieur, après une virée au Maroc, devrait se
rendre en Algérie (dimanche 25 octobre) et en Tunisie, accompagné du patron de
la DGSI et porteur d'une liste d'islamistes que la France veut expulser. Reste
à savoir si ces pays seraient disposés à accueillir des personnes «innocentes»
sur lesquelles pèsent des soupçons de passage possible aux actes terroristes ?
Et, en matière de droit, serait-il possible d'expulser des étrangers légalement
installés en France sur de simples présomptions, qui deviendraient
condamnables, sur leur caractère d'islamiste radicalisé pouvant commettre des
actes terroristes (sans en avoir commis aucun acte du genre) ? Pourtant, aucun
juge ne pourrait condamner un accusé sur de simples présomptions. Mis à part
les cas qui se trouvent en prison, difficile de convaincre les tribunaux que ne
manqueraient pas de saisir les concernés.
L'humanitaire
n'étant plus une doctrine qui a sa place dans la géostratégie internationale,
devenu plutôt un alibi d'ingérence, s'agit-il d'une reconnaissance implicite
quant à la fausse attitude en matière de traitement des demandes d'asile ? En
tout cas, la réplique du ministre français de l'Intérieur, qui reflète la
tendance de cette nouvelle politique, ne laisse aucun doute sur le durcissement
dans la gestion du dossier de l'immigration, en général, et du traitement des
demandes d'asile, en particulier. Officiellement, ordre a été donné d'examiner
plus attentivement les dossiers des personnes qui souhaitent obtenir le statut
de réfugié en France.