L'ONG américaine, Human Rights Watch (HRW) affirme,
dans un rapport publié hier, que l'Algérie a expulsé des «milliers de migrants
et de demandeurs d'asile vers le Niger dont des enfants». Selon le document
publié sur le site web de l'Organisation, citant des «organisations humanitaires
travaillant au Niger», les expulsions ont été opérées à partir de «neuf villes»
algériennes, et concernent «plus de 3.400 migrants d'au moins 20 nationalités
différentes», «dont 430 enfants et 240 femmes». «L'Algérie a certes le droit de
protéger ses frontières, mais pas de placer en détention arbitraire et
d'expulser collectivement des migrants, dont des enfants et des demandeurs
d'asile, en l'absence de procédure régulière», a déclaré Lauren Seibert, chercheuse auprès de la division Droits des réfugiés
et migrants de Human Rights
Watch, rapporte le document. Précisant qu'«avant d'expulser quiconque, les
autorités devraient vérifier individuellement le statut des personnes en vertu
des lois relatives à l'immigration ou à l'asile et veiller à ce que chaque
demande soit examinée individuellement par les tribunaux». Parmi les villes
citées par HRW figurent Tlemcen, Oran, Alger, Blida, Boumerdès,
Tipaza, Zeralda, Sétif et Annaba. Le document affirme
également, selon des «travailleurs humanitaires qui aident des migrants en
Algérie et au Niger», que «des enfants non accompagnés et des enfants séparés
de leurs familles lors des rafles, dont certains étaient âgés de moins de 10
ans, ont été détenus et expulsés». «Le 1er octobre, le ministre de l'Intérieur
algérien a annoncé une nouvelle opération de lutte contre la «migration
clandestine», affirmant qu'elle respectait les droits humains. Le 3 octobre,
l'Algérie a expulsé 705 adultes et enfants de 18 nationalités différentes, puis
a renvoyé de force 957 Nigériens à bord d'un convoi vers leur pays le 5
octobre, et enfin a expulsé 660 personnes de 17 nationalités vers le désert le
8 octobre, selon des travailleurs humanitaires au Niger», écrit HRW. Selon la
publication, outre les «Subsahariens (qui) forment l'essentiel des personnes»
expulsées, «certains ressortissants non africains ont subi le même sort,
notamment des demandeurs d'asile yéménites, syriens et palestiniens». Human Rights Watch affirme
n'avoir reçu «aucune réponse des autorités algériennes à une lettre du 4
septembre demandant la remise en liberté des Yéménites et l'accès à des
procédures d'asile complètes et équitables». Le document rapporte des
témoignages de «migrants expulsés» qui affirment que «les autorités algériennes
ont pris des mesures pour empêcher la propagation du Covid-19 en prenant leur
température, en portant ou en distribuant de masques, ainsi qu'en désinfectant
des véhicules», et d'autres qui affirment «qu'aucune précaution n'avait été
prise». Hormis la «lettre du 4 septembre demandant la remise en liberté des
Yéménites», le document de HRW ne fait pas mention d'une demande d'information
adressée aux autorités algériennes sur les conditions de ces expulsions.