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Assassinat de Chaima: Plaidoyer pour un fichier des agresseurs

par Z. Mehdaoui

Le terrible assassinat de la jeune Chaïma, la semaine dernière, continue de susciter colère et indignation mais aussi relance, encore une fois, le débat sur la peine de mort en Algérie.

En effet, s'exprimant hier sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, Nadia Ait Zaï, avocate et militante pour les droits de la femme, dira clairement qu'il faut désormais durcir les lois en condamnant les auteurs de ce type de crime à la perpétuité sans possibilité de grâce. «Il faut agir vite dans cette affaire et surtout frapper fort», a-t-elle déclaré en appellent les medias à jouer leur rôle en vulgarisant, au maximum, les peines pour dissuader toute tentative de commettre ce genre d'acte horrible. Interrogée sur le débat de la peine de mort, l'intervenante estime que la peine capitale ne va pas empêcher les criminels de passer à l'acte, en rappelant au passage que le monde est à la veille de la célébration de la Journée mondiale contre la peine de mort. Mme Ait Zaï qui estime que c'est «un faux débat», dira que «l'Algérie a signé un moratoire depuis 1993 et elle y tient».

«Moi je trouve que c'est très bien que notre pays se conforme aux conventions internationales», a-t-elle ajouté en soulignant que la perpétuité est en soi un châtiment extrêmement dur. Commentant l'article 40 de la nouvelle constitution, qui garantit la protection de la femme contre les violences, Nadia Zaï estime que c'est une bonne chose que l'Etat s'engage à ouvrir des centres d'accueil pour les victimes, qui ont droit à une assistance judiciaire gratuite. «Ce que nous demandons, c'est que cette assistance soit automatique et que la victime n'ait pas besoin d'aller déposer un dossier pour étudier son affaire», a indiqué l'avocate qui appelle à mettre en place des mécanismes supplémentaires pour compléter cette loi. «Les femmes ne dénoncent pas systématiquement à cause de leurs enfants ou de peur de se retrouver à la rue», fait-elle encore savoir en notant que l'instauration d'un mécanisme de signalement automatique permettra, de suivre ces femmes et de poursuivre les auteurs des actes de violence. Mme Ait Zaï recommande, également, la mise en place d'un dispositif de surveillance des agresseurs.

«D'ailleurs, si ce délinquant, qui a tué Chaïma, a été mis sous surveillance après sa première agression, ce crime aurait pu être évité», regrette-t-elle. De son avis, ces personnes doivent faire l'objet d'un fichier, crée au niveau de la police, afin d'éviter la récidive en utilisant le bracelet électronique qui est important pour suivre leurs traces et déplacements. Selon elle, la création d'un tribunal qui sera chargé uniquement de ces affaires, aidera à avancer plus vite dans la lutte contre la violence faites aux femmes. «Ce n'est que comme ça que le ministre de la Justice pourra faire ses études sur les victimes et les auteurs et au même temps réajuster la loi en fonction de ce qui nous arrive», conclut la militante pour les droits de la femme.