«L'Algérie a gagné la bataille contre la Covid-19». Un cri
de victoire lancé par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid,
qui pèse en sous-entendu dans ce contexte de rebond des nouveaux cas infectés
au coronavirus à travers la planète, particulièrement en Europe. D'autant que
les officiels algériens, qu'il s'agisse de commenter une baisse ou une hausse
de la courbe des cas positifs, restent très prudents dans leurs déclarations
relatives au développement de la situation sanitaire dans le pays, refusant
depuis l'apparition des premiers cas de verser ni dans l'optimise
béat ni amollir les mesures de protection sanitaire malgré la reconnaissance
des experts, dont ceux de l'OMS, qui affirment que l'Algérie maîtrise la
situation au vu des résultats épidémiologiques. De là, donc, à affirmer
ouvertement que «l'Algérie a gagné la bataille» contre la Covid-19, il devrait
y avoir quelque part une raison assez solide qui aurait changé la conduite
officiellement adoptée dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19,
qui n'a jamais crié victoire même dans des moments où les statistiques des cas
positifs ne dépassaient pas la centaine. Prépare-t-on les conditions générales
et l'opinion à la tenue, le 1er novembre prochain, du référendum sur la
nouvelle Constitution? L'organisation d'une élection
dans cet environnement sanitaire marqué par la menace de propagation du
coronavirus n'est pas des plus aisées pour les autorités, et il faut bien
convaincre l'opinion que le risque de contamination au coronavirus Covid-19
lors du prochain référendum est réduit à sa plus faible proportion.
L'explication s'inscrit dans une logique psychologique qui soutiendrait, ainsi,
le moral de plusieurs dizaines de milliers d'organisateurs du scrutin et
quelque 23 millions d'électeurs, même si en parallèle les autorités sanitaires
plaident encore et toujours pour la vigilance. A commencer
par le rigoureux protocole sanitaire particulier pour la tenue du rendez-vous
référendaire sur le projet de révision de la Constitution, et autres mesures
préventives en vigueur depuis six mois, pratiquement sans influence aucune de
l'état d'évolution de la situation épidémiologique, dont le maintien de la
fermeture des frontières, le confinement «allégé», l'interdiction du transport
inter-wilayas, le report sine die de la rentrée scolaire et autre respect des
gestes barrières qui devraient être pour longtemps encore une raison de vivre
pour l'humanité entière. La position des autorités concourt globalement
à rassurer la population quant au principe de la tenue du référendum sur la
Constitution, ordre de priorité politique incontournable, dans des conditions
sanitaires pas très dangereuses, surtout en cas d'application stricte du
protocole sanitaire particulier, mais est-ce suffisant pour éviter réellement
une remontée des statistiques des contaminations au coronavirus après ce
rendez-vous ? Personne ne peut prévoir l'évolution de l'épidémie après le 1er
novembre, ni lier singulièrement toute altération possible de la situation au
scrutin. De nombreux facteurs pourraient participer dans la déclaration d'une
deuxième vague, dont le relâchement dans le respect des mesures barrières. Pour
le moment, si la bataille est gagnée localement, la guerre mondiale n'est pas
pour autant acquise contre la Covid-19.