En avouant
que «la stratégie adoptée jusqu'à présent pour la rééducation des détenus a
montré ses limites», le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, signe-t-il un
échec de la politique de réinsertion des ex- détenus, dont on a fait l'éloge
ces dernières années ? La sortie du ministre laisse peu de place au doute, la
prise en charge des détenus en phase intra et post-carcérale, en matière de
réinsertion sociale, n'a pas apporté les résultats escomptés. Peut-on pour
autant dire qu'il s'agit d'une remise en cause de la réforme pénitentiaire
touchant ce volet axial de la réinsertion sociale ? Bien outillé,
nécessairement, en possession des données et informations qui appuient son
constat, notamment le nombre élevé des cas de récidive, le responsable du
secteur compte mettre en œuvre une nouvelle stratégie, basée sur « l'espace
ouvert », qui éviterait aux détenus un isolement des plus complets. Il en veut
pour fondement le couple indissociable «rééducation-réinsertion», qui
reconsidère le concept de la peine de prison. Le défi est-il pris d'aller vers
une réforme pénitentiaire qui changerait le concept de la peine de prison en
lui attribuant un rôle d'intégration des détenus dans les normes de la vie
sociale? Des sociétés très avancées, qui ont leur spécificité dans ce domaine,
ont échoué dans leur politique de réinsertion des détenus, et s'attellent
toujours à la recherche d'une méthode appropriée pour réussir à réintégrer
socialement les ex-détenus à des taux acceptables. Pourquoi alors se
voilerait-on la face et continuer à foncer droit au mur en vantant une
politique de réinsertion des détenus qui a « montré ses limites », selon les
mots de M. Belkacem Zeghmati? En Algérie,
l'intégration sociale passant forcément par l'activité professionnelle, la
nouvelle stratégie miserait principalement sur cet axe de la formation durant
la détention, en préconisant la création d'ateliers externes dans des espaces
ouverts, avec l'agriculture et le jardinage comme modèle d'apprentissage. Pour
le moment, l'intégration sociale des détenus passe par la réussite dans les
examens de fin d'année, BEM et bac, qui donnent lieu à des réductions des
peines en faveur de ceux qui décrochent ces diplômes, généralement ouvrant la
voie pour la poursuite des études, une autre facette qui participe à la
réinsertion des détenus et les extraire au risque de la récidive. Pas tous,
malheureusement, car ceux qui retomberont dans les affres du chômage sont
exposés à la récidive. Mais, faut-il se l'avouer également, aucune politique de
réinsertion sociale ne peut connaître un quelconque succès sans vaincre le
chômage endémique qui touche les jeunes de tous bords et sans prendre en
considération l'aspect solidaire qu'on doit déployer à l'égard des ex-détenus,
plus éloignés qu'ils sont du marché de l'emploi avec un mince CV et un casier
judiciaire chargé. Un casier judiciaire demandé à tout bout de champ par
l'administration publique, véritable obstacle dans l'accès au travail pour les
ex-détenus, et dont l'exigence sera limitée à certains cas particuliers, promet
M. Zeghmati.