En dépit des chiffres macabres de morts déroulés sur les écrans du
monde entier, de la peur ambiante, des lendemains apocalyptiques qu'on n'a pas
cessé d'arborer à la face des hommes, des restrictions des mouvements, de
l'interdiction de célébrer des fêtes, d'aller au stade, à la plage, etc.,
malgré le chamboulement des habitudes, de la vie en somme, les gens éternuent
et toussent, se mouchent, se raclent la gorge, se font la bise et multiplient
les poignées de mains et autres attouchement sans tenir compte des milliers de
spots qui ressassent à longueur de journée les mesures-barrières et ou les
comportements-barrières à même de vaincre la pandémie et permettre aux gens de
renouer avec la vie d'autrefois. Autrefois, il n'y a pas si
longtemps pourtant, les gens, grands et petits, avaient des conduites si
bienséantes, des comportements-barrières si méticuleux, que s'ils avaient
survécu aux vicissitudes du développement, ces comportements-barrières auraient
sans aucun doute constitué un mur infranchissable au virus de 2020.
D'antan,
les gens éternuaient dans le flanc de leur veste ou robe, ni les hommes ni les
femmes ne se curaient le nez en public et quand ils ressentaient le besoin de
se moucher, ils s'éloignaient et se servaient d'un pan du burnous ou de la
djellaba pour ce faire. Par ailleurs, hommes et femmes avaient constamment un
mouchoir prêt à bondir pour empêcher la morve d'aller mourir sur le sol de la
rue/route au grand dégoût des passants. Alors, on n'éternuait pas à la face
d'autrui, ne toussait qu'avec discrétion jusqu'à étouffer la toux qui ne devait
pourtant pas mourir dans l'œuf et risquer de rendre encore malade la personne
qui retenait par pudeur sa toux. Malgré les poux, les gens souffraient le
martyre pour éviter de se gratter, n'élevaient pas la voix et ne giclaient pas
leurs vis-à-vis avec des gouttelettes de leur salive quand bien même les dents
faisaient défaut trop souvent. Les comportements-barrières ne résultaient pas
de l'éducation reçue sur les bancs de l'école qui faisait cruellement défaut,
encore moins des spots publicitaires de l'OMS qui n'existaient pas encore, mais
plutôt de l'hygiène de vie qui était le propre des gens d'alors malgré la
disette endémique et la pauvreté pandémique. Dieu sait que les maladies
transmissibles avaient pignon sur rue et ni le mode de vie ni la vaccination
n'étaient là pour protéger ces pauvres gens qui n'étaient pas si pauvres au
final eux qui possédaient les comportements-barrières d'antan.