Aux dernières informations, la plus grosse société
nationale ferait l'objet d'un audit pour, entre autres, mettre un terme au
phénomène de postes fictifs dont elle pâtirait à l'instar d'autres sociétés
nationales et divers secteurs de services. Ayant fait l'objet de plusieurs
articles dans plus d'un organe de presse et éclaboussant différents organismes,
le phénomène a pris une telle envergure que tout le pays semble nécessiter un
audit pour débusquer et démettre ces personnes qui bénéficient de salaires sans
jamais pointer et beaucoup d'autres fans du fictif. Parce qu'il est aussi, de
temps en temps, question de débusquer cette pléthore de locataires fictifs
d'appartements, ces spectres qui hantent des appartements (in)occupés tandis
que la crise du logement ne semble pas connaître d'épilogue. Il y aurait des
milliers, voire des millions de logements vacants, des logements AADL, LSP, LPP
et surtout des logements sociaux. Les logements de fonction ne sont pas en
reste puisque leurs occupants fictifs continuent à détenir les clés longtemps
après avoir pris leur retraite. Les adeptes du fictif les plus audacieux ne
lorgnent plus du côté des postes fictifs, mais se donnent des sociétés fictives
dont les plus extravagantes furent révélées à travers le tristement célèbre
scandale des Panama Papers. D'énormes pactoles en
devises fortes ont été transférés vers l'étranger grâce à cette pratique.
L'argent coule aussi à flot dans le football qu'on a voulu professionnel depuis
une décennie, mais il n'est professionnel qu'en théorie pour le grand bien des
charognards qui gravitent autour des clubs et se frottent les mains à chaque mercato. Les clubs perçoivent des milliards sans pouvoir
assurer leurs propres joueurs. Le fiasco du football dit professionnel profite
à beaucoup de monde dont la presse (ir)réelle qui contribue à sa façon à la pérennité de ce
championnat professionnel fictif malgré la bonne foi des uns et des autres. Il
y a d'ailleurs des hebdomadaires qui se sont rapidement convertis en quotidiens
non pas parce que l'information abonde, mais plutôt parce qu'il est plus
profitable d'avoir des pages publicitaires six jours sur sept qu'un jour par
semaine. Maintenant que les révélations pour le moins fracassantes du premier
responsable de l'ANEP l'ont étalé au grand jour, il n'est plus un secret pour
personne que la dernière manne pétrolière a aussi profité à la presse (ir) réelle. La poule aux œufs d'or a donné naissance à une
presse fictive qui s'est sucrée des années durant en se spécialisant non point
dans le journalisme d'investigation, mais dans la publicité outrancière qui
engrange des fortunes et vous transforme un plébéien en patricien du jour au
lendemain. Des centaines de titres dont seule une dizaine ou légèrement plus
fait son apparition sur les étals des buralistes pour finir pour la plupart
comme des invendus, vendus au kilo se sont fait des milliards par la magie de
la publicité. Moins de deux mille exemplaires pour des lecteurs fictifs, des
exemplaires jamais payés à l'imprimerie. Il est même des journaux qui ont
continué à recevoir de la publicité longtemps après avoir cessé de paraître. Le
tout fictif ne s'est peut-être jamais autant épanoui même à Hollywood et
Bollywood.