C'est une véritable catastrophe écologique qu'est en
train de vivre la localité de Faïdja, chef-lieu de
commune, située à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tiaret.
En effet, la retenue collinaire, d'une capacité de
deux millions de mètres cubes, a été totalement asséchée à cause de la
surexploitation de ses eaux pour irriguer les périmètres agricoles situés
autour de l'ouvrage hydraulique. Et avec les températures caniculaires et
l'évaporation naturelle qui en découle, la retenue collinaire ne ressemble plus
qu'à un sol craquelé, avec de grosses crevasses à la surface. Autre grave
atteinte à l'équilibre de l'écosystème de la région, les labours sauvages au
niveau des périmètres steppiques du sud de la wilaya. En effet, le phénomène
des labours sauvages prend des proportions alarmantes au niveau des communes
steppiques de Sidi Abderrahamène, Chehaïma,
Faïdja et surtout Aïn Dheb, à quelque 70 kilomètres au sud du chef-lieu de
wilaya. Outre le problème de bornage entre la commune de Aïn Dheb et les communes
voisines de la wilaya de Laghouat à l'origine de nombreux conflits, dont
certains ont dégénéré en batailles rangées, les communes steppiques du sud de
Tiaret ont besoin d'être protégées, surtout qu'elles constituent une source de
revenus financiers pour les collectivités concernées. Les interventions du Haut commissariat au développement de la steppe restant
jusque-là sans effet sur la protection des périmètres protégées, plus d'un
million d'hectares de terres steppiques sont la proie de labours illicites et
de surpâturages, qui causent des dégâts irrémédiables à l'équilibre de
l'écosystème de la région. «Même le domaine public hydraulique n'a pas été
épargné dans les lits d'oueds», avait, à plusieurs reprises, dénoncé l'association
écologique «Essalam Al Akhdar»
de la wilaya de Tiaret. Les labours intensifs dans les «dhayas»
sont également pointés du doigt par l'association «Essalam
El Akhdar», citant l'exemple de ces agriculteurs qui,
pour un hectare autorisé, «labourent jusqu'à 20 hectares et plus, grâce à la
complicité des responsables concernés ». « Les barons de la
steppe continuent à imposer leur loi en procédant à la location des terres qui
ne leur appartiennent pas, au vu et au su de tout le monde ; même les
ressources hydriques souterraines sont systématiquement exploitées, ce qui
explique l'important rabattement de la nappe phréatique », écrit, noir sur
blanc, l'association «Essalam Al Akhdar»
, ajoutant que «les spéculateurs s'adonnent à la culture des cucurbitacées qui
consomment beaucoup d'eau, épuisant progressivement la nappe phréatique», avant
de conclure que «le HCDS se trouve ligoté et surtout impuissant pour appliquer
son programme de lutte contre la désertification face à la mafia de la steppe
qui a des ramifications partout», et de préconiser aux pouvoirs publics de
«faire cesser ce massacre en milieu steppique par l'utilisation des moyens
légaux, dissuasifs et répressifs afin de protéger cet écosystème extrêmement
fragile».