La
prévention du risque lié à l'épidémie du Covid-19 a complètement chamboulé les
déplacements et les voyages dans le monde. Dès que l'épidémie du nouveau
coronavirus a été déclarée pandémie par l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), au mois de mars 2020, pratiquement tous les pays de la planète ont
procédé à la fermeture de leurs frontières terrestres, aériennes et maritimes.
Des dispositions qui s'inscrivaient dans la logique d'empêchement de la
propagation du virus entre pays et entre populations d'un même pays également,
puisque le confinement des populations a été décrété à l'intérieur des Etats.
Personne ne trouvait à redire à propos de ces agencements, préconisés par l'OMS
d'ailleurs, mais le déconfinement progressif entamé
dès le mois de juin par certains pays, européens notamment, qui a été
automatiquement suivi par la réouverture des frontières, ne se passe pas sans
frictions diplomatiques. Car les pays européens qui ont ouvert leurs frontières
ont pris soin de concocter, au sein de l'Union européenne (UE), une liste de
pays dont les citoyens sont autorisés à pénétrer sur leurs sols, alors que pour
d'autres, les frontières sont gardées hermétiques selon les appréciations des
autorités concernées vis-à-vis de la situation épidémiologique des pays
concernés par les restrictions de voyages. Donc, les critères
essentiels pour figurer ou non sur cette liste des pays dont les citoyens sont
admis (ou non) dans l'espace Schengen restent la ressemblance de la situation
épidémiologique à celle de l'UE, où la pandémie a régressé, un taux de nouveaux
cas de Covid-19 ne devant pas excéder 16 pour 100.000 habitants (moyenne dans
l'UE) sur les 14 derniers jours et une tendance à la stabilité ou à la baisse
des nouveaux cas, ainsi que les dispositions adoptées par le pays tiers dans la
lutte contre la propagation du Covid-19, dont l'ampleur de la pratique de tests
demeure la référence sur ce plan. On parle, ainsi, de pays à risque
élevé où la propagation du Covid-19 bat des records sans aucun signe de
stabilisation ou de recul de l'épidémie, excluant tout contact avec ses sujets,
et de risque moindre jaugé à l'aune de la maîtrise de l'évolution de l'épidémie
du Covid-19, autorisant de facto les échanges et les voyages. Contrairement,
donc, au confinement mondial et à la fermeture quasi planétaire des frontières,
le déconfinement ne va pas sans provoquer des
grincements de dents dans les pays concernés par les restrictions de voyages.
C'est le cas de le dire pour l'Algérie, qui a été retirée de la liste des pays
dont les ressortissants étaient autorisés à voyager dans l'espace Schengen.
Pourquoi ? La recrudescence des contaminations. Une décision qui a été mal
accueillie par Alger, où l'on rappelle que cette décision est « sans effet
pratique », puisque le pays a décidé de garder ses frontières fermées. Le
ministère des Affaires étrangères a fait part de sa surprise et son
incompréhension devant une telle décision, soulignant dans ce contexte que les
moyens et les efforts colossaux engagés par l'Etat sont sans nul pareil dans de
nombreux pays, où sont enregistrées de plus graves situations, avec des cas de
contamination de loin supérieurs à ceux recensés en Algérie. On pouvait
invoquer le principe de réciprocité dans le contexte de ce retrait de l'Algérie
de la liste des pays dont les ressortissants sont autorisés à circuler dans
l'UE, mais en aucun cas on ne peut attribuer cette décision à une aggravation
de la situation épidémiologique. En attendant une évolution de la situation, la
liste en question étant sujette à une actualisation chaque 15 jours, devrait-on
s'attendre à une application du principe de réciprocité par l'Algérie dans le
cas d'une réouverture de ses frontières ?