La justice a eu la main
lourde, jeudi, contre des personnes poursuivies pour agression physique ou
offense au personnel médical à Oran, Tissemsilt et Bouira. Plusieurs mis en cause ont écopé de lourdes peines
de prison ferme, alors que d'autres ont été mis sous mandat de dépôt et devront
être jugés dans les prochains jours. La dernière instruction du 14 juillet en
cours du ministre de la Justice, garde des Sceaux, aux procureurs généraux près
les cours de justice, qui ordonne «d'arrêter et de présenter devant le
procureur de la République les auteurs d'agressions contre le personnel du
corps médical et paramédical et les gestionnaires des établissements de santé
», est exécutée à la lettre par la justice. Les mis en cause dans des affaires
d'agressions contre les personnels du corps médical et paramédical et les gestionnaires
des établissements de santé ne bénéficient désormais d'aucune procédure de
privilège de juridiction et en particulier la liberté provisoire. La chanteuse
du raï, connue sous le surnom de «Japonia», mise
récemment en détention préventive, a été condamnée jeudi à une peine de prison
de 18 mois assortie d'une amende de 20.000 DA. La chanteuse, qui a filmé puis
partagé une vidéo sur les réseaux sociaux, a été déclarée coupable d'«agression
et insulte» envers le personnel de soins du service des urgences de l'hôpital
d'Oran. L'audience s'est déroulée de mercredi après-midi jusqu'à tôt le matin
du jeudi, où le parquet a requis une peine de 5 ans de prison. La mise en
cause, qui a été mise en détention préventive mardi, avait été poursuivie pour
«insulte d'un fonctionnaire durant l'exercice de ses fonctions», «propos
injurieux à un corps constitué», «diffamation», «prises et diffusion d'images
sur les réseaux sociaux sans consultation de la personne concernée» et
«atteinte aux symboles de la guerre de libération nationale». Le tribunal de Tissemsilt a également prononcé une peine de 18 mois et une
amende de 50.000 DA à l'encontre d'un individu pour offense à une femme médecin
généraliste exerçant au niveau de l'établissement public de la wilaya. Le mis
en cause est poursuivi pour «agression sur un médecin généraliste, menace de
mort et cassage de l'écran d'un tableau d'affichage de l'hôpital.» A
Constantine, le tribunal de Ziadia a prononcé, jeudi,
une peine de trois ans de prison ferme contre une personne accusée d'agression
contre un médecin exerçant au service Covid-19, dans le Centre
hospitalo-universitaire (CHU) Dr Benbadis. L'affaire
remonte à la semaine dernière quand le mis en cause, proche d'un malade atteint
de la Covid-19, avait agressé un médecin lui causant une fracture du nez suite
à un coup de poing. Une autre personne a été condamnée, ce jeudi à Bouira, à un an de prison ferme et à une amende de 100.000
DA, pour «diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux» et
«usurpation de fonction», a indiqué le procureur de la République près le
tribunal de Lakhdaria. Le mis en cause avait diffusé
de fausses informations en amplifiant le nombre de cas de Covid-19 à l'hôpital
de Lakhdaria et ce, via une vidéo postée sur les
réseaux sociaux. L'individu en question s'est introduit à l'intérieur de
l'hôpital de Lakhdaria, où il a filmé quelques
malades atteints de Covid-19, en se faisant passer pour un agent de sécurité de
l'établissement. Dans la wilaya de M'sila, le juge
d'instruction près le tribunal de Sidi Aïssa a
ordonné le placement de deux personnes en détention provisoire, et d'une autre
sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l'affaire de la vidéo de l'hôpital
de Sidi Aïssa, diffusée sur le réseau social Facebook
et présentant le cadavre d'un homme au service Covid-19. Ces trois personnes
sont poursuivies pour «intrusion dans l'établissement public hospitalier Kouissi Belaïche de la commune de
Sidi Aïssa et publication de fausses informations sur
le réseau social Facebook» mais aussi d'«outrage à corps constitué» et
«d'atteinte au respect dû aux morts». Concernant la tentative d'agression du
directeur de l'hôpital de Bouira, deux mis en cause
ont été mis sous mandat de dépôt et cinq autres sous contrôle judiciaire.
Présentés mercredi devant
le juge d'instruction près le tribunal de Bouira, les
mis en cause sont accusés d' «outrage à un fonctionnaire pendant l'exercice de
ses fonctions», et de «délit de menace» ainsi que d'«exposition de la santé et
de l'intégrité physique d'autrui au danger». Il importe de noter que le
gouvernement a annoncé jeudi qu'une loi est en cours d'élaboration, suite à une
instruction du président de la République, pour mieux protéger le personnel de
soins contre les agressions verbales et physiques qui ont pris de l'ampleur
avec la pandémie de Covid-19. La Présidence avait également annoncé le 10
juillet des mesures d'aide, notamment une assurance spéciale, pour le personnel
soignant en première ligne dans la lutte contre le nouveau coronavirus et très
éprouvé, au moment où le pays subit une recrudescence des contaminations.