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La
question de célébrer ou pas, cette année, la fête de l'Aïd El Adha, en Algérie, fait toujours polémique. Du côté des
partisans de son annulation, particulièrement parmi la communauté médicale et
scientifique, en première ligne de front contre la Covid-19, on fait valoir le
risque sanitaire majeur, supposé ou réel, lié à la propagation du coronavirus.
Dans le camp opposé, où le caractère sacré de cette fête est mis en relief, on reste plutôt septique quant à un éventuel risque sanitaire, du moment qu'aucune étude scientifique n'a fait, à ce jour, de lien direct entre l'abattage des animaux et la transmission du virus à l'homme. Une certitude est toutefois à souligner, les activités qui accompagnent généralement la célébration de cette fête, à savoir : les déplacements et les regroupements familiaux et la prolifération des marchés à bestiaux constituent, bel et bien, un terreau idéal pour la propagation du virus. Du côté des pouvoirs publics on préfère ne pas se précipiter et prendre le temps pour arrêter une décision bien réfléchie qui serait acceptée par tous et dans l'intérêt de tous. A un peu plus de deux semaines de la date de l'Aïd el Adha, prévu fin-juillet en cours, le doute reste donc entier, même si depuis la semaine écoulée, le débat sur la question a pris de l'essor. Ainsi, le Dr. Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique chargé du suivi de l'évolution de l'épidémie, qui s'est exprimé sur les ondes de la Radio régionale de Sétif, n'a pas caché ses inquiétudes avant de faire part de la possibilité d'annuler le rituel de sacrifice de l'Aïd El Adha. L'intervenant a fait savoir que la Commission scientifique a fourni des informations à la Commission de la fetwa, lors de leur rencontre, tenue lundi passé. Il a indiqué à ce propos que les médecins ont expliqué aux hommes de la religion les conséquences désastreuses de l'abattage sur la propagation du virus. Le membre du Comité scientifique a cependant, tenu à souligner que «le Comité scientifique n'a donné que son avis sur la question,» et que «le dernier mot revient à la Commission des Fetwas, relevant du ministère des Affaires religieuses». Le Dr. Bekkat a signalé, par ailleurs, que ces opérations d'abattage ne contribuent pas à réduire la propagation de l'épidémie, mais plutôt le contraire. «Nous devons être francs et ne pas cacher le soleil avec un tamis. La question est avant tout une question de responsabilité citoyenne et d'ordre plus que toute autre chose», a-t-il affirmé. L'intervenant s'est même insurgé contre les gens qui continuent à se rassembler en famille, lors des occasions, en prenant le risque de faire propager le virus. Il a annoncé, dans ce sens, la mise en œuvre de procédures concernant le rituel de l'Aid El Adha qui seront en mesure de prévenir contre toute propagation du Covid-19. De son coté, le Syndicat national indépendant des imams et du personnel du secteur des Affaires religieuses et des Wakfs n'a pas du tout tardé à réagir. Il s'est même montré catégorique en s'opposant, farouchement, à l'idée d'annuler l'abattage de l'Aid El Adha. Le président de l'Organisation syndicale, Djamel Ghoul a, en effet, estimé que ces appels à l'annulation du rituel de sacrifice ne reposent sur aucun fondement. Selon lui, les partisans de ces idées doivent fournir des preuves scientifiques, qui stipulent que le coronavirus serait transmissible des animaux vers les humains. «Il faut distinguer entre interdire les rassemblements familiaux, de peur de voir le virus se propager et l'annulation du rituel» a-t-il souligné. En réaction, la Commission ministérielle de la Fetwa, interpellée il y a une semaine, a indiqué qu'il était prématuré de se prononcer sur la question. En effet, et selon le président de la Commission Mohand Idir Mechnane, qui s'est exprimé, dimanche dernier, sur les colonnes du ?Quotidien d'Oran', « c'est encore trop tôt pour mettre ce dossier sur la table des discussions ». Concernant l'éventualité de l'annulation du rituel de sacrifice, tel que préconisé par le sénateur du FLN Abdelouaheb Benzaim, le président de la commission estime « qu'il est encore prématuré de parler de cette option ». « Nous suivons de près la situation sanitaire, dans notre pays, toutes les fetwas émises par la Commission se basent et obéissent aux recommandations du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie, et ce pratiquement sur le sort de toute circonstance religieuse ou pratique religieuse », a-t-il souligné. Il est à noter que le maintien du sacrifice signifie la réouverture des marchés à bestiaux, et probablement l'ouverture des abattoirs aux citoyens, le jour de l'Aid. La Fédération nationale des éleveurs de bétail a déjà fait appel dans ce sens aux autorités, leur demandant de renoncer à la récente décision de fermeture des marchés à bestiaux et de procéder à leur réouverture et ce, « en coordination avec les forces de sécurité dont la gendarmerie, les responsables communaux ainsi qu'avec le ministère du Commerce». La Fédération assure qu'avec le soutien de l'État, les mesures de prévention contre la Covid-19 seront rapidement mises en œuvre ». |
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