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Eviter de s'enfoncer dans d'autres crises

par Abdelkrim Zerzouri

Le gouvernement a réussi à contenir «momentanément» la revendication des représentants des transporteurs relative à une révision à la hausse des tarifs des transports. «Il est prématuré» de parler, en l'état actuel, d'une augmentation des tarifs des transports, souligne le ministre des Travaux publics et des Transports, Farouk Chiali, qui relève dans ce sens la compréhension de la situation actuelle du pays de la part des représentants des transporteurs lors des discussions autour de cette question. Une question qui reste cependant pendante puisque les transporteurs en conviennent que le moment n'est pas du tout approprié pour faire pression afin de réviser à la hausse les tarifs des déplacements, comme ils ont l'habitude de le faire à chaque augmentation des prix des carburants à la pompe, et d'avoir toujours gain de cause au bout de leur revendication.

Il fallait bien surseoir à toute augmentation des tarifs des transports, mais cette revendication restera tout de même sur la table des discussions entre les représentants des transporteurs et le ministère de tutelle, comme le laisse entendre M. Farouk Chiali, qui a assuré dans ce contexte que «toutes les propositions ou suggestions seront examinées et étudiées de façon sereine et responsable». Les transporteurs, groggy par une longue paralysie de leur activité, ne pensent qu'à reprendre leur travail, pour le moment, en attendant de se remettre debout et revenir à la charge sur cette question de la révision à la hausse des tarifs des transports. Ce n'est qu'un report à plus tard de ce dossier, dont les effets boule de neige ne manqueraient pas de réduire l'impact des mesures introduites récemment par le gouvernement pour renforcer le pouvoir d'achat des citoyens, notamment le relèvement du SNMG et l'exonération de l'impôt sur le revenu global (IRG) pour les salaires inférieurs ou égaux à 30.000 DA qui concerne quelque cinq millions citoyens.

Reste à se demander jusqu'à quand va-t-on surseoir à cette revendication ? Attendre la prochaine rentrée sociale ou attendre jusqu'à la fin de la crise sanitaire ? Il est à craindre de sortir d'une crise sanitaire pour s'enfoncer dans une autre multidimensionnelle, sociale et économique notamment. Car, les revendications ne vont pas se limiter à cette catégorie professionnelle. D'autres travailleurs, également, n'attendent que l'amélioration de la situation sanitaire pour revenir à la charge sur des revendications, particulièrement d'ordre salarial, mises en veilleuse après la déclaration de la pandémie de Covid-19. Et, il est clair que les ressources financières de l'Etat, doublement impactées par la crise sanitaire, qui a paralysé la machine économique, et la chute de prix du baril de pétrole, ne pourraient pas satisfaire toutes les demandes sociales.

L'une des solutions consiste, justement, à éviter la hausse des prix dans l'immédiat pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens. Une solution envisagée par le gouvernement, qui appelle dans ce cadre à éviter toute hausse de prix, allant jusqu'à parler d'un éventuel recours «de manière exceptionnelle» à la régulation des prix de certains produits de base de large consommation qui seront déterminés par la réglementation et ce dans le souci de renforcer le pouvoir d'achat du citoyen, selon une récente déclaration du ministre du Commerce, Kamel Rezig. Une politique qui devrait tempérer les exigences sociales et, surtout, donner le temps au gouvernement de mettre en application sa feuille de route sur les plans socioéconomique et politique, puisque ce dernier ingrédient, également, n'échappe pas aux revendications et aux aspirations citoyennes à une vie meilleure.