
Le plus
triste des Ramadhans s'en est allé, laissant un voile de tristesse et de
mélancolie sur tous les visages. C'est que les Algériens ont célébré, cette
année, un e-Aïd sans effusion. Un «Aïd électronique», de manière virtuelle. Il
était dit qu'il est des matins qui déchantent pour nous faire languir de jours
meilleurs. Dimanche, premier jour de l'Aïd, des bambins, parés de leurs plus
beaux atours, gambadaient, insouciants, dans la rue. Des jeunots endimanchés,
cheveux gominés et sapés comme jamais, faisaient montre d'une insouciance à
mille lieues de la bébête qui fauche des vies à tire-larigot et sape le moral à
la race de l'homo sapiens.
C'est à
savoir si c'est le Ramadhan qui nous mange ou si c'est nous qui devons dévorer le Ramadhan et en finir avec lui une bonne
fois pour toutes ? Parce qu'à regarder ce mois de tous les «coups permis» par
le nombril de nos estomacs «essorés», la seule question sérieuse à poser au
peuple des jeûneurs est celle de savoir si c'est le Ramadhan qui nous lave au
Karcher de tous nos péchés «inexpiables» ou si c'est nous qui le salissons
jusqu'à ce qu'il déguerpisse très vite pour revenir torturer nos consciences
chloroformées douze mois après. Et si des histoires de grands-mères chauves et
édentées nous parlent encore de ces Esprits frappeurs qui sont enchaînés
pendant le mois où le Saint Coran fut révélé au dernier des prophètes, comment
menotter les mains à ceux qui courent après une place au paradis en apprenant à
faire des bigoudis «High Tech» sur la tête teigneuse des chauves désargentés ?
Une histoire à «casser le jeûne», encore une, raconte avec un sérieux
«paranormal», qu'un homme plein aux as a proposé de construire gratis «sa»
propre mosquée pour expier une faute qu'il a commise du temps où la justice
était rendue par la raison du plus fort. Une philosophie de la vie, inspirée du
monde effroyable des charognes «encagées», que d'autres bipèdes, regroupés en
un cartel dit des «prévaricateurs-repentis» auraient, eux aussi, proposé de
nourrir des centaines de ventres affamés, avec soda, chamia
et amuse-gueule à la clef, moyennant une «fatwa» les autorisant à faire la
grande impasse sur le mois de toutes les privations (!!). Mais qui, au fait, se
souvient de ce pauvre mouton algérien qui en voulant se faire passer pour le
plus gros des ovins fut pris pour un placide bovidé indien et passé par les
couteaux gigantesques des bouchers par vocation ?!