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Constantine: Le personnel soignant face à une dure épreuve

par Abdelkrim Zerzouri

Comment prendre en charge les patients infectés au nouveau coronavirus ? Comment faire face à la peur et à l'angoisse que fait naître cet ennemi invisible chez le personnel médical soignant ? C'est à ces questions et d'autres qu'on s'est attelé à répondre à travers cet atelier de formation, organisé lundi 18 mai, au CHU Constantine par le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) en présence du DG du CHUC et d'une assistance composée, distanciation sociale oblige, d'un représentant par service ou unité impliqué dans la prise en charge des malades du Covid-19 (réanimation, SAMU, pneumo, infectieux, médecine interne, scanner, hémodialyse, les urgences médicales et des représentant des EPH El Bir et Didouche Mourad).

Le volet de cette formation est scindé en deux parties, l'une scientifique, conduite par le professeur Fawzi Maghmoul, épidémiologiste et membre de la cellule de crise du CHUC, et la seconde d'aspect purement psychologique, managée par le médecin psychologue, Kamel Benamira. «Nous avons estimé que le lancement de la formation en question, qui sera étalée sur plusieurs sessions et impliquera le plus grand nombre possible des personnels appelés à gérer cette maladie sur les plans thérapeutique et psychologique, est indispensable», nous dira Abdelmalek Djemam, le secrétaire de wilaya du SAP, principal initiateur de cet atelier de formation. Il nous signalera dans ce contexte qu'il a été constaté chez le personnel soignant un manque d'information et de connaissance au sujet du Covid-19, ayant fatalement provoqué l'effroi au sein du personnel médical, au point où certains refusent d'aller travailler dans des unités qui traitent directement les patients infectés au Covid-19 ou au niveau du scanner, où l'on effectue les tests de dépistage. Parfois, même sur réquisition administrative, des travailleurs trouvent le moyen de se défaire de cette mission en prétextant la maladie ou autre argument massue qui les dispense de rejoindre ces unités, nous ont affirmé des témoins parmi le personnel soignant dans la salle. Pourtant, les personnels soignants en charge des malades atteints au Covid-19 sont exténués et il y a dans les unités spécialisées un besoin aigu de renfort en personnel. Il est donc indispensable de leur apprendre à s'affranchir des peurs et des angoisses face à cet ennemi invisible, certes dangereux, mais qu'on peut maîtriser grâce à une bonne préparation scientifique et psychologique, et surtout grâce à la connaissance, comme le relèvera le professeur F. Maghmoul. Pour ce dernier, seule la connaissance de la maladie peut aider à la combattre sur le plan médical et enlever toute appréhension pour y faire face dans toutes les circonstances. Le professeur F. Maghmoul mettra, ainsi, l'action sur le fait que le nouveau coronavirus est sensible, puisqu'on peut le détruire ou le neutraliser avec de l'eau et du savon. Ce n'est pas un monstre qui doit faire peur, il s'agit seulement de s'en prémunir grâce aux règles de distanciation sociale et le lavage régulier des mains au savon notamment, en attendant de mettre au point un vaccin. Il expliquera dans ce sens que l'être humain côtoie de nombreux virus, et le nouveau coronavirus n'est pas le plus virulent d'entre eux. Le virus de l'hépatite «B», qui peut survivre jusqu'à six mois dans une goutte de sang séchée, est le plus agressif et le plus dangereux pour l'homme, pourtant il ne provoque ni alarme ni psychose. Le nouveau coronavirus est en cela plus menaçant que d'autres souches «corona» quand il s'agit des voies de sa propagation (respiratoires), rapide et vaste. Il s'agit, donc, en sus de l'adaptation des mesures de prévention globalisées, de doter en moyens de protection les services concernés pour éviter la contagion au sein du personnel soignant.

Il s'agit également de faire appel à la solidarité entre les personnels soignants. Sur le plan psychologique, la situation est des plus sombres. Personne n'échappe au stress, ni les personnels soignants ni les malades. Une soignante soumettra au médecin psychologue le cas d'une patiente dépressive, qui ne veut plus prendre ses médicaments. Estimant qu'il est nécessaire que les psychologues se penchent sur ces cas directement au niveau des unités de traitement des malades du Covid-19.

Le médecin psychologue acquiescera, précisant que toute consultation doit se faire dans le respect de la distanciation sociale. Et, il n'y a pas que les malades qui souffrent sur le plan psychique. Les personnels soignants également vivent également dans une situation cauchemardesque. Séparés de leurs familles, montrés du doigt dans la rue et même au sein de l'hôpital, les gens les évitent frontalement, selon le témoignage des concernés, c'est la terrible épreuve, fort stressante, par où ils passent. «Ce n'est pas facile de vivre comme un pestiféré, condamné à la réclusion sociale», lance l'un d'entre eux. En sus d'un impératif accompagnement psychologique par les spécialistes, il est également de la responsabilité collective d'apporter un soutien moral aux personnels soignants. Là, on comprend bien pourquoi les habitants en France et ailleurs sortaient sur les balcons à 20 heures pour applaudir les personnels soignants. Chez nous, appel est lancé à la population, qui doit au moins suivre rigoureusement les recommandations du confinement et des règles de prévention pour permettre aux personnels soignants de souffler.