L'humilité et la sagesse réunies sont des forces plus conséquentes que toutes les autres richesses dont peuvent s'armer les peuples. Contrairement aux ressources minières ou n'importe quel attribut censé apporter le bonheur, elles ont un prix inestimable et ne peuvent être monnayables au gré des humeurs. Ces deux qualités morales sont inépuisables et imposent toujours un total respect entre les Etats et entre les hommes. L'une et l'autre nourrissent la considération et la fluidité de l'écoute.

Les Algériens devraient d'abord se braquer sur ces trésors enfouis en chacun d'eux pour aborder avec sérénité un monde en perte de stabilité et de tranquillité. Or il leur est souvent reproché de préférer la culture de la prétention plutôt que celle de la mesure et de circonspection. Cette démarche souvent venue avec une outrance remarquable fausse souvent le dialogue avec les autres jusqu'à se demander sur quoi repose le gargarisme stérile et négatif à tout bout de champ étalé.

Le sang chaud et les rapides emportements ne sont pas seulement les signes de nerfs fragiles et il faudrait retourner à des données profondes pour tenter de comprendre ce profil bien particulier. Il y a bien sûr d'abord le traumatisme de la guerre coloniale avec des cicatrices encore ouvertes et celui d'une longue période de drames et de sang où les vies ne valaient que par le feu avec lequel elles étaient calcinées. Les courts intermèdes vécus n'offraient que les chaînes devant les souks el fellah et la crainte des coups de boumerang des boîtes de concentré de tomate ou des caprices du zinc des bidons d'huile. Le reste, tout le reste avec la lourde charge de dépérissement et d'inconséquence a été l'œuvre d'une école chargée de formater les consciences au lieu de semer le savoir et la connaissance.

Sans doute est-ce un peu là où résident les causes de ce renvoi sans cesse répété à la question de la souveraineté, notion absolument relative qui ne veut rien dire quand on n'impose pas le respect par l'humilité et la sagesse. On voit aujourd'hui comment une moins qu'une poussière arrive à mettre à genoux toute la population de la terre et comment elle a écrabouillé la notion du libre arbitre et de la souveraineté.