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Dépistage massif du Covid-19 et manque de moyens: «Une équation difficile à résoudre»

par M. Aziza

Les mesures préventives (confinement et mesures d'hygiène), à elles seules, ne suffissent pas pour endiguer drastiquement la courbe de la propagation du Covid-19. Le dépistage massif est recommandé que ce soit avec le confinement ou avec le déconfinement progressif. L'OMS a recommandé vivement cette approche en raison de l'étendue géographique de la pandémie qui menace le monde entier. Les responsables de l'OMS ont appelé à un dépistage massif. Le directeur général de ladite organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué : «Nous avons un message simple à tous les pays : testez, testez, testez tous les cas suspects de Covid-19». Mais la question qui se pose, est-ce que tous les pays ont les moyens ? Certainement pas et c'est le cas de notre pays. D'ailleurs, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, a reconnu, dans une déclaration faite à la radio nationale, que «nous n'avons pas de matériel suffisant pour effectuer des analyses de tous les cas suspects d'infection de coronavirus dans le pays». Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), a affirmé au Quotidien d'Oran qu'effectivement, nous n'avons pas les moyens de protection et de dépistage pour un dépistage massif, bien qu'il soit fortement recommandé. «D'ailleurs, les spécialistes du domaine, y compris notre syndicat, ont appelé au dépistage en masse il y a de cela un mois au moment où la pandémie avait touché essentiellement la wilaya de Blida. Aujourd'hui, le virus est présent dans 47 wilayas du pays, ce qui complique davantage la généralisation du dépistage». Il a affirmé que «nous avons recommandé, au même titre que plusieurs entités scientifiques, un dépistage au profit du personnel soignant, car les formes inapparentes sont majoritaires».

Et de préciser : «La majorité des porteurs du virus sont des sujets qui ne développent pas de symptômes mais force est de constater, qu'en l'absence de moyens, de laboratoires à travers le pays, les tests n'étant indiqués que pour les personnels soignants présentant des symptômes sévères». Il précise que le dépistage devait au moins concerner le personnel soignant, car l'exemple espagnol a démontré la complexité de la situation et où pas moins de 12.000 d'entre eux ont été infectés par le coronavirus. Lyes Merabet a affirmé que «nous n'avons pas de laboratoires nationaux dans toutes les wilayas du pays, ce qui complique davantage la situation». Au début de la propagation du virus, explique-t-il, «les tests acheminés à l'Institut Pasteur d'Alger étaient réalisés en 24 heures, mais après la multiplication du nombre de cas, les résultats de l'IPA se sont étalés à une semaine». Des annexes de l'Institut Pasteur ont été ouvertes au niveau de plusieurs wilayas, notamment à Oran, Constantine et Ouargla. Des tests de laboratoires déjà existants à travers plusieurs wilayas du pays ont été validés par l'IPA, et le comité scientifique a même validé le recours au scanner thoracique pour pallier au manque de kits de dépistage.

A noter que même le scanner n'est pas disponible dans toutes les structures de santé publique, attestent les spécialistes. Pour Lyes Merabet, «face à cette situation, nous sommes tous obligés de travailler et de lutter contre ce virus avec les moyens du bord. Dommage, nous n'avions pas retenu les leçons de la grippe aviaire, pour justement assurer notre sécurité sanitaire avec un plan d'intervention sanitaire d'urgence».

«La fabrication de kits est timide en Algérie et pour s'approvisionner sur le marché international, ce n'est pas une chose facile, les pays qui fabriquent ces tests les gardent pour eux, vu la demande croissante». Le président du SNPSP a mis en garde en tant que professionnel de la santé contre un relâchement des mesures anti-coronavirus. «Nous avons constaté des comportements qui sont en contradiction avec les mesures préventives contre le Covid-19, notamment avec l'assouplissement des mesures de confinement en ce mois sacré». Lyes Merabet lance un appel aux citoyens : «Evitez les déplacements pour se protéger des risques de propagation de la maladie et respectez les mesures d'hygiène recommandées».