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Blida: Une lueur d'espoir

par Tahar Mansour

Deux très bonnes nouvelles, juste à la veille du mois de Ramadhan que nous entamons en confinement avec la peur au ventre pour nous, pour nos familles, pour nos amis et en pleurant ceux que nous avons déjà perdus, au détour d'un mal que personne n'attendait.

La première bonne nouvelle c'est la stabilité puis la régression dans les cas de nouvelles contaminations par le Covid-19 puisqu'il n'y en a eu qu'une seule durant les 24 h de jeudi alors que la wilaya de Blida n'a enregistré aucun décès durant la même période. Ceci n'a été rendu possible que par le travail colossal entrepris par le corps médical qui s'est donné à fond malgré les risques et les pertes, en collaboration avec tous les autres corps engagés dans cette lutte inégale contre un virus qui a mis à mal des pays autrement plus riches et plus avancés technologiquement que l'Algérie, et ce n'est qu'à l'honneur de nos spécialistes.

Les citoyens, même si de nombreux cas de non-respect des mesures de confinement ont été rapportés à travers l'ensemble du territoire national, ont quand même fait montre d'une certaine maturité d'esprit et de discipline qui a permis de vaincre la propagation du virus qui aurait pu faire des ravages dans une société dont les membres ont toujours vécu regroupés.          

La deuxième bonne nouvelle, qui est d'ailleurs le résultat de la première, c'est l'allègement des mesures de confinement pour la wilaya de Blida qui passe du confinement total à partiel avec des horaires plutôt serrés - de 14 h à 7 h le lendemain - mais c'est mieux qu'avant car les habitants de la wilaya pourront se rendre dans d'autres wilayas pour leurs affaires surtout, car ils sont nombreux à avoir subi des pertes financières importantes.

C'est donc l'esprit plus libre que les habitants de la wilaya de Blida ont entamé, hier, le mois de Ramadhan, spécial cette année car sans les prières de Taraouihs dans les mosquées, ni les regroupements familiaux, ni les circoncisions d'enfants, ni les veilles jusqu'au petit matin autour d'un thé chaud, de kalbelouze et d'une table de dominos ou de cartes. Mais le principal c'est que nous sommes toujours vivants et que le risque pandémique s'éloigne de nous. Cet allègement, rappelle le communiqué du Premier ministre, «a été décidé afin de soutenir nos citoyens qui ont fait preuve de vigilance et d'un effort louable en respectant les mesures de confinement», qui déplore aussi «des comportements d'indiscipline qu'il convient de réduire car, s'ils perdurent, le risque de contamination et de décès évoluera de manière dangereuse». Si cela arrivait, le Premier ministre rappelle que les pouvoirs publics auront à «revoir ces mesures d'allègement car il y va de la sécurité des citoyens et du pays tout entier». On ne peut être plus clair et la balle est toujours dans le camp des citoyens qui doivent continuer à se conformer aux directives des spécialistes de la santé en matière d'hygiène, de distanciation sociale et de précautions diverses pour éviter une seconde vague de Covid-19, autrement plus virulente et plus dangereuse.

Le Ramadhan à la maison

Cette année donc, le Ramadhan est plutôt spécial puisque déjà la nuit du doute que nous avions l'habitude d'entamer par les Taraouihs dans les mosquées aussitôt le croissant observé, nous a trouvés dans nos maisons, face aux postes de télévision, attendant la confirmation ou non de l'observation du croissant. Les femmes se sont déjà préparées à accueillir dignement le mois sacré par des plats mijotés avec amour, dont elles entament la préparation dès midi, en y mettant tout leur talent de cuisinières émérites.

Durant les trois ou quatre jours qui ont précédé le Ramadhan et malgré le confinement et tous les risques liés au Covid-19, les vendeurs ambulants de fruits et légumes, de matériels de cuisine, les épiceries, les boucheries étaient assaillis par une foule innombrable venue acquérir tout ce dont elle avait besoin.

Le risque était grand, la promiscuité faisait peur, la distanciation sociale est devenue un vain mot et les précautions en vigueur ont été remisées au placard des habitudes culinaires et sociales qui accompagnent le mois sacré.

Dès la matinée d'hier, c'était le même spectacle, désolant, dangereux, irresponsable, que nous avons vu la veille et l'avant-veille, des hommes, des femmes, des enfants en grand nombre faisaient leurs achats dans une promiscuité qui fait peur, oubliant d'un coup le coronavirus, les morts par centaines, les craintes d'une contamination beaucoup plus importante et toutes les souffrances que nous avons vécues depuis plus d'un mois.

Les services de sécurité ont eu beau intervenir, rappelant poliment aux citoyens le danger de contamination, leur demandant de s'éloigner les uns des autres, utilisant les haut-parleurs, s'égosillant vainement à faire respecter les consignes de confinement en vigueur.

C'est d'une véritable révolution éducationnelle que nous avons besoin, en direction des adultes bien avant les enfants.

Les services de sécurité à pied d'œuvre

Tous les services de sécurité ont mis en place, à l'occasion du mois de Ramadhan, des dispositifs spéciaux pour veiller au respect des dispositions des mesures de confinement, aussi bien au niveau des centres-villes que des quartiers et des agglomérations les plus reculées.

Des patrouilles pédestres et véhiculées sillonneront toutes les artères des villes et des villages, afin d'obliger les récalcitrants à rentrer chez eux, en appliquant la loi dans toute sa rigueur pour éviter une recrudescence des cas de contamination par le Covid-19.