Un peu
comme un toubib qui ne sait pas de quel mal il souffre, le pays semble pâtir
plus du remède que du mal, et pas du Covid-19 seulement. Parce qu'à contresens
de la plus triviale des logiques, sous nos latitudes si particulières, tout
semble «tourner» à l'envers en bas plutôt qu'en haut de la pyramide, en prenant
à défaut le bon sens le plus élémentaire chez le plus érudit du peuple des
«raisonnés». Au pays où l'oseille n'a pas la même odeur pour tous, «le miracle
économique», du soleil de la liberté à nos jours, consiste en un « jeu de
dupes» aussi inutile que scélérat : fourrer sa main baladeuse dans la poche de
celui qui a un demi-douro trop usé. Sinon, comment dégoupille-t-on cet épais
mystère algéro-algérien qui voudrait qu'à chaque fois
que le mois de toutes les agapes pointe du nez, la mercuriale s'arrache les
cheveux... à en perdre raison ? Quelle est donc cette mouche qui nous
empoisonne le sang pour nous retrouver, à chaque fois, ramer contre le courant
pour se fatiguer les bras et couler comme un caillou au fond d'une eau fangeuse
? Les revers auront des médailles qu'ils seront des champions olympiques sous
nos cieux, avec ce paradoxe bien de chez nous : ce n'est pas notre ventre qui
dépend de ce que produisent nos terres mais c'est juste nos estomacs, plus
grands que nature, qui courent à perdre haleine après celui qui détient les
clefs du garde-manger national. Demain ou après-demain, les Algériens vont
jeûner, au sens stomacal du mot. Avec ce grand coup porté au moral avec cette
foutue pandémie de Covid-19 et « l'assignation à résidence » de tout un peuple,
la situation risque bien de virer au cauchemar éveillé. L'on nous susurre que
des quantités «gargantuesques» de boustifaille est stockée dans les tombereaux
de la république; mais pourquoi pardi ?! Alors qu'en
même temps, et sous les cieux du même pays, manger à sa faim (re) devient la première priorité de l'Algérien d'en bas.
Les chiffres «balancés» d'en haut nous parlent d'un pays devenu un giga bazar à
ciel ouvert, sans que personne ne sache qui en est (sont) réellement le (s)
propriétaire (s) ni qui contrôle un marché à enjeu capital, dans la gestion de
la paix tout court. Il y a trop longtemps que le pays racle le fond de ses
caisses dans l'entretien de la chaîne alimentaire nationale. Il y a, aussi, un
bon bout de temps depuis que le pays ne s'est pas «auto-suffi», en matière de
blé, pas celui né des entrailles de la terre; mais
aussi celui caché dans des coffres-forts jamais aussi
bien gardés.
Avec pour
seul sursis une baguette de pain garantie à tous, qui va récolter les fruits et
légumes de cette «Algérie nouvelle» que l'on nous promet sous le sceptre de la
nouvelle république ? Non, cette fois-ci, les grosses légumes ne seront pas
servies en premier, probablement à tout jamais !