|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Des entreprises
algériennes, en particulier les plus peti-tes d'entre
elles, les PME, sont mises en grande difficulté. Certaines sont impactées
sérieusement par les mesures de confinement dû à la crise sanitaire que
traverse le pays et le monde entier.
Précédées d'une crise économique qui s'est accentuée en 2019, des entreprises font face, notamment en cette période, à une baisse d'activité, baisse de commande publique, baisse de chiffre d'affaires avec de sérieux problèmes de trésorerie. Une situation délicate qui peut entraîner, automatiquement, des pertes d'emploi. Sans parler des entreprises qui sont carrément à l'arrêt, à l'instar des établissements hôteliers et ceux de la restauration. Plusieurs pistes sont en discussion sur la possibilité d'imposer des congés anticipés, ou la consommation des reliquats de congés, notamment pour le secteur économique qui s'est vu obligé d'appliquer le décret relatif au congé spécial du personnel, en raison de la pandémie du Covid-19, avec la nécessité d'assurer une rémunération. Les responsables des entreprises du secteur économique sont, à vrai dire, dans l'embarras, c'est ce qui ressort de leur intervention au débat par vidéoconférence du Forum des chefs d'entreprise (FCE), consacré à la gestion du personnel durant la crise sanitaire. Certains ne savent plus quoi faire ! Le cadre juridique régissant les relations de travail doit être renforcé par des mesures permettant de faire face aux situations d'urgence durant les périodes de crises, à l'instar de la pandémie de Covid-19, recommandent des experts juridiques. Mais pas seulement, ils revendiquent « des réformes irréversibles qui répondent au dysfonctionnement dans la gestion des relations de travail notamment dans les périodes de crise». En attendant ces réformes, les experts juridiques et du droit du travail mettent en garde contre les décisions prises unilatéralement par l'employeur. « Les modalités de chômage technique doivent s'appuyer, actuellement, sur les négociations collectives avec les représentants des travailleurs, ce qui permettra de couvrir une partie des salaires pendant la période d'arrêt d'activité », a préconisé le consultant en droit du travail, Habib Si Ali. Idem pour les autres mécanismes, que ce soit pour les reliquats des congés, congés anticipés ou pour le travail à temps partiel. Même son de cloche chez l'avocat-associé au cabinet L&P (DLA Piper Africa), Mounir Ait Belkacem, qui a recommandé aux employeurs de déclencher une négociation avec les représentants des travailleurs pour prendre des décisions relatives à la consommation des congés, horaires de travail, chômage partiel. Pour les entreprises en arrêt total, les experts recommandent de négocier les modalités du paiement dans le cadre du volet social pour des négociations. Et de préciser que la réglementation algérienne prévoit un plan social. Les experts recommandent seulement aux employeurs d'adopter des « actions justes et légales » pour éviter les contentieux. Les experts sont unanimes à affirmer que «tout cela doit se faire par le dialogue avec le partenaire social ou les délégués des salariés ». Ils préviennent : «il faut éviter de tomber dans le piège des contentieux, pour se focaliser sur le plan de relance et le redémarrage de l'outil de production après le retour à la normale ou la baisse du risque de la pandémie». L'expert Habib Si Ali a fortement déconseillé le recours aux congés sans solde. Il s'est dit pour la préservation, dans la mesure du possible, des emplois. Il a recommandé aux employeurs de revoir le niveau des rémunérations des cadres dirigeants, le partage des heures de travail et des salaires. Et bien évidemment, puiser dans les reliquats des congés ou les congés normaux. Les experts juridiques et du droit du travail ont demandé, par ailleurs, aux pouvoirs publics de clarifier certaines dispositions légales et réglementaires pour dépasser cette période difficile. « Il y a matière à clarification notamment en ce qui concerne le travail partiel », précise Aït Belkacem, en soulignant que l'évènement fondamental, aujourd'hui, est la déclaration du Premier ministre, Abdelaziz Djerrad qui a donné des instructions aux membres de son gouvernent pour faire des recommandations tout en prenant attache avec les acteurs de leurs secteurs. Pour Si Ali, «il s'agit d'une feuille de route objective, puisque les membres du gouvernement sont tenus de remettre les recommandations d'ici le 23 avril prochain, donc on aura les résultats d'ici la fin avril ou début du mois de mai. Des décisions qui toucheront le monde du travail et des solutions express pour les employeurs et les salariés, des mesures qui vont certainement soulager, un tant soit peu, le secteur économique et le monde du travail, en difficulté en cette période », conclut-il. |
|