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Le test de vérité

par Abdelkrim Zerzouri

Tous les officiels algériens et autres observateurs s'accordent à dire que la situation épidémiologique due au coronavirus est maîtrisée. Mieux, selon les chiffres communiqués quotidiennement par le porte-parole du comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus, Djamel Fourar, la courbe d'évolution des

nouveaux cas et des décès reste relativement stable depuis quelques jours, avec zéro nouveau cas et entre un et trois cas positifs enregistrés à travers plusieurs wilayas, également moins de décès et un nombre de guérisons en constante augmentation, qui donne un réel espoir d'une victoire proche dans cette guerre sanitaire. Pourtant, les autorités ont décidé de reconduire le dispositif actuel de confinement ainsi que l'ensemble des mesures de lutte contre la pandémie du coronavirus pour une période supplémentaire de dix (10) jours, jusqu'au 29 avril 2020. Une période qui devrait, comme on peut le constater, faire coïncider les cinq ou six premiers jours du Ramadhan sous le coup du confinement. Est-ce le test de vérité pour la suite des mesures à engager dans le cadre de cette lutte contre le coronavirus ? Probablement qu'on a pensé à cette période si sensible, où les rassemblements massifs après la rupture du jeûne, la promiscuité dans les marchés, qui se fait déjà sentir plus pesante à la veille du mois sacré, et les regroupements des soirées familiales ou entre amis, peuvent réduire à néant tous les efforts engagés ces dernières semaines. Même si des spécialistes mettent en garde contre un pic de l'épidémie en Algérie vers la période allant du 20 au 24 avril, on craint plus, en effet, que ce sont ces comportements sociaux, indissociables du Ramadhan, qui viendraient perturber la vie sociale dans le confinement à laquelle se sont habitués les citoyens. Pour la suite à attendre après le 29 avril, tout dépendra, donc, du respect rigoureux de la discipline par les citoyens durant ces premiers jours du Ramadhan. Dans cet esprit, le médiateur de la République, Karim Younès, fait part des craintes nourries durant ce rendez-vous religieux, rappelant que le confinement coïncide cette année avec le Ramadhan « qui est généralement un moment de convivialité et une occasion des retrouvailles familiales, une tradition qu'il est difficile de pouvoir respecter cette année à cause du coronavirus et il serait, ajoute-t-il, « inopportun, voire dangereux de prendre des risques, d'autant plus que le confinement intégral doit être de rigueur ». On peut espérer un allègement du dispositif du confinement dans le cas où cette « phase plateau » de la progression du coronavirus dans le pays amorce une baisse palpable des cas infectés par le coronavirus, comme on peut aller vers un durcissement des règles si jamais la situation bascule vers le pire. Dans ce sens, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, n'a pas manqué de prévenir dans ce contexte que le non-respect des règles préventives édictées en matière de confinement, de distanciation sociale et de mesures d'hygiène influera dangereusement sur la trajectoire de cette épidémie jusque-là contenue. Dans cette situation inhabituelle, les jeûneurs qui combattent les délices de la vie dans la journée doivent, également, continuer ce combat contre les délices de la vie en nocturne, et se contenter de ce qu'on peut avoir dans un périmètre réduit au chez-soi.