Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Activités informelles, emplois précaires suspendus par le confinement: Dure double épreuve pour les familles démunies d'Aïn El Turck

par Rachid Boutlelis

Les morbides conditions de vie frisant l'opprobre auxquelles sont cruellement confrontées les familles issues de couches défavorisées de la contrée d'Aïn El Turck et qui subsistaient grâce au misérable salaire que rapporte l'emploi précaire, ont fait basculer ces dernières dans l'inconcevable, l'immoral et l'ignominie en cette quatrième semaine du confinement. « En raclant tous mes tiroirs, j'ai constaté avec effroi que mes maigres économies ont été épuisées. Comment faire maintenant pour nourrir ma famille ? Je ne dispose d'aucune rente depuis le début du confinement », a postillonné sous l'effet de la colère un quinquagénaire, employé dans un fast-food du chef-lieu de la daïra d'Aïn El Turck, avant de renchérir : « J'étais déjà au bord du gouffre et maintenant j'y ai plongé avec cette crise sanitaire, qui a entraîné la fermeture des établissements de commerce et l'arrêt de nombreuses autres activités ». D'autres témoignages beaucoup plus bouleversants ont été recueillis par Le Quotidien d'Oran. « Nous tentons difficilement d'affronter les impacts négatifs de cette crise avec la maigre pension de retraite de mon époux. Je l'aidai à subvenir aux besoins de notre famille en exerçant le métier de couturière dans un atelier. La patronne a fermé sa boutique sans crier gare dès le premier jour du confinement. Elle s'est confinée dans le luxe de sa résidence, en s'inscrivant aux abonnés absents, sans se soucier du sort de ses employées, abandonnées sans salaire », a regretté avec une pointe de dépit une mère de famille. Un ridicule outrancier. Toujours est-il qu'un mélange de sarcasme, d'inquiétude et d'expectative était perceptible chez ces familles, mal-logées dans leur grande majorité, qui subsidient grâce à une pauvre rémunération, rapportée par des activités informelles et/ou des emplois précaires, non déclarés et n'ayant évidement pas de couverture sociale. L'impact indésirable réside dans le manque à gagner chez ces gens. Le cas éloquent d'un autre père de famille demeurant dans un appartement sous-loué, d'une cité de logements sociaux, dans la municipalité d'Aïn El Turck. Chauffeur d'un véhicule de transport public privé, notre interlocuteur avait du mal à contenir son exaspération : «Je ne me soucie nullement de la disponibilité ou pas de la semoule, ce qui me préoccupe plutôt est si je serai en mesure de payer mon loyer. Je redoute aussi encore plus d'être prié de quitter les lieux ».

Notons aussi, dans cette optique, que l'inquiétude commence à gagner également les salariés des établissements culinaires notamment, installés dans cette partie de la wilaya d'Oran en cette veille du mois sacré. « C'est un véritable dilemme pour certains restaurateurs, qui eux-mêmes louent leur local et ayant déjà donné un congé payé à leur personnel. Il leur sera difficile, au vu de l'insuffisance de leurs moyens de trésorerie, de payer encore leurs salariés durant le mois de carême, période de fermeture de ces établissements. Ce n'est pas par inadvertance qu'ils ont déjà posé leur doigt sur le bouton rouge actionnant la sonnette d'alarme », a fait remarquer le propriétaire d'un restaurant de ladite municipalité.