En se réveillant le matin,
on se demande souvent comment sera faite cette journée, où pourrons-nous aller,
que trouverons-nous à acheter. Un coup d'œil à travers la fenêtre nous
renseigne sur la situation que nous vivons : très peu de personnes, à peine
deux ou trois qui se hâtent pour aller régler leurs affaires, une voiture ou un
camion de temps en temps, puis c'est le vide sidéral. Au moment de sortir, il y
a cette angoisse insidieuse qui nous prend à la gorge, aucun enfant dehors,
très peu de femmes et des hommes qui pressent le pas. Les vendeurs au bord des
routes, à l'intérieur des quartiers et aux coins des rues sont légion, ils
vendent beaucoup de fruits et légumes entre 10h et midi, mais, au-delà, il n'y
a presque plus de clients et nous les voyons rempiler leurs caisses et se préparer
à rentrer chez eux. La police s'en mêle et harcèle les retardataires afin
qu'ils retournent chez eux et respectent les consignes du confinement.
Vendredi, en milieu d'après-midi, nombreux sont ceux qui ont été surpris par la
pose de grands cubes en béton sur certaines artères des villes afin d'y
empêcher la circulation automobile, ajoutant à leur désarroi et leur faisant
perdre l'espoir d'une fin proche du confinement. Toujours concernant les
automobilistes, la fermeture des stations -service oblige certains d'entre eux
à prendre des risques énormes en se faufilant à travers les ?haouchs', jouant à cache-cache avec les gendarmes qui
quadrillent la région de manière impeccable, mais il y en a qui réussissent à
sortir pour se diriger vers les stations-service qui ne sont pas lointaines
pour se ravitailler en carburant. Après avoir fait le plein et respiré un grand
bol de liberté, ils reviennent par les mêmes chemins, se faisant aider et
guider par des amis pour éviter les patrouilles des gendarmes. Ces personnes
ignorent qu'elles ont enfreint, non seulement la loi et la règlementation du
confinement mais qu'elles peuvent constituer un danger mortel pour ceux
qu'elles rencontrent ou pour l'employé qui leur sert l'essence. En ville,
beaucoup de jeunes inconscients jouent aussi à cache-cache avec les services de
police, soit en rentrant chez eux, le temps que les patrouilles passent puis
ressortent pour discuter ou jouer au ballon dans les cours des cités, soit pour
se rendre dans les champs ou à la forêt pas très lointaine pour s'asseoir et
discuter. Certains emmènent leurs enfants en bas-âge vers un petit barrage
d'eau situé sur les hauteurs de la ville ou vers les rivières, oubliant le
grand danger auquel ils les exposent : « c'est pour leur faire respirer l'air
pur et leur faire oublier la maison », disent-ils. D'autres, enfin, jouent à
cache-cache avec le virus lui-même et font fi de toute précaution, par bravade,
par inconscience ou par débilité mentale, mais ils risquent de se faire très
mal à eux-mêmes et à leurs parents qu'ils peuvent contaminer. Ces énergumènes
ramènent des gobelets de café noir de chez eux, le sirotent entre eux, en
faisant de grands gestes ostentatoires, comme pour montrer à celui qui les
regarde qu'ils n'ont pas peur ou qu'ils ne croient pas à l'existence d'un
danger. Le problème c'est que ces actes ne sont pas rares, nous avons été
témoins de plusieurs dizaines à travers nombre de régions. Déjà qu'en temps
normal se partager une tasse de café peut être dangereux du fait des maladies contagieuses
bénignes, mais maintenant c'est plutôt mortel, ces comportements devraient être
bannis et une sensibilisation plus forte devrait être menée.
Une autre pratique à risque
doit être signalée, celle de la vente du pain dans les épiceries. En effet,
nous trouvons du pain de boulanger et du pain fait maison chez nombre
d'épiciers, présentés sans aucune protection ni précaution. Nous savons tous
que le pain sera consommé tel quel, il ne sera ni lavé ni cuit de nouveau et,
s'il porte des virus, ils seront ingurgités en même temps. Le pain est présenté
dans des corbeilles faites pour cela mais il est déposé à même le sol, non
couvert et les clients choisissent en prenant le pain puis en le remettant à sa
place pour en prendre un autre, et ainsi de suite, tous ceux qui viennent en
acheter touchent presque tous les pains qui s'y trouvent et peuvent donc
facilement y déposer des virus, et autre chose. L'Etat devrait interdire la
vente de pain en-dehors des boulangeries afin de préserver la santé de la population
en temps normal, mais actuellement cela est devenu très dangereux. Nous
souffrons tous de ce confinement qui ne nous permet même pas de bouger ou de
rencontrer nos amis ou de faire convenablement notre travail, mais si les
règles d'hygiène continuent d'être bafouées de la sorte, nous risquons tous de
périr.