Le confinement a poussé dans la précarité des milliers de
familles à la suite de la perte d'autant d'emplois. Le phénomène est vécu à
travers la planète toute entière, exception faite dans les pays qui n'ont pas
voulu appliquer le confinement, justement, pour ces raisons sociales. En
Algérie, où le cantonnement des populations est en vigueur depuis plusieurs
jours, élargi à toutes les wilayas ces derniers jours, de nombreux pères de
familles dont les ressources financières ont été sapées par le confinement commencent
à lancer des appels de détresse à travers les réseaux sociaux notamment. Le
taxieur, le chauffeur de bus de transport urbain et inter-wilayas, le receveur,
l'employé cafetier, et autres artisans et travailleurs dans des créneaux ou
activités gelés par ces dispositions mises en place dans le cadre de la lutte
contre la propagation de la pandémie coronavirus, n'arrivent plus à assurer les
besoins alimentaires de leurs familles. Jusqu'où peuvent-ils tenir ? Difficile
à supporter cette situation qui pousse les concernés à s'approvisionner à
crédit auprès des commerçants d'alimentation générale, quand ils en trouvent
des commerçants généreux.
Chercher à guérir un mal en créant un autre, est-ce
acceptable sur le plan moral ? Bien évidemment, la lutte contre le coronavirus
exige un confinement des populations, parfois des plus stricts, en sus d'autres
précautions d'hygiène et distanciation sociale, mais cela ne doit pas se faire
sans penser aux travailleurs « journaliers », à ceux qui perdent leurs emplois
dans ce cadre de la lutte contre la pandémie. C'est la mission de l'Etat de
prendre en charge ces nouveaux nécessiteux, qui viennent grossir les rangs de
ceux qui étaient, déjà, recensés dans cette case avant le fléau coronavirus. La
chaîne de solidarité nationale tente également de se déployer dans ce sens,
pour aider les nécessiteux et les populations qui souffrent de ce confinement,
mais cela reste en deçà de l'espoir, tellement les besoins dans ce contexte
sont énormes. Car, des milliers d'Algériens vivaient de petits boulots, dans
des activités informelles, qui ont totalement disparu du décor ambiant des
villes. Pour cette catégorie sociale, c'est « vivement la fin du confinement »,
ou l'espoir d'un palliatif à leurs peines, comme penser une nouvelle politique
sociale qui mettrait temporairement à l'abri ceux qui ont perdu leurs emplois,
pas uniquement les emplois visibles et légaux mais également les autres emplois
informels. Le confinement, ce n'est pas seulement « l'ennui », dont souffrent
les gens à l'abri du besoin, c'est également cette tragédie sociale qui plonge
des milliers de familles dans la précarité, et qui méritent qu'on y pense
sérieusement.