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La
fin de la guerre froide a sonné le glas du bloc socialiste et consacré le
triomphe de la mondialisation capitaliste. C'est le triomphe d'un libéralisme
économique hégémonique, outrancier et arrogant qui fait peu de cas des valeurs
humanistes et tourne le dos à l'idée de progrès et aux droits de l'homme. Une
sainte alliance s'est formée entre les Etats des pays capitalistes, les
institutions financières internationales, les grandes banques et les firmes
multinationales pour gérer et défendre les intérêts d'une petite minorité.
C'est une internationale qui applique un programme imposé par une
mondialisation dont les promoteurs sont les grands barons de la finance
internationale. Désormais l'objectif des grands acteurs économiques et
financiers est la course aux profits générés par des transactions financières
qui créent de moins en moins de richesses matérielles.
Le capitalisme financier a pris le pas sur le capitalisme industriel et la stratégie des barons de la finance vise à augmenter les dividendes et le cours des titres financiers dont l'évolution ne reflète pas les performances économiques réelles. Les grandes entreprises cotées en bourse réalisent des profits substantiels mais n'hésitent pas à licencier des salariés dans le seul but de diminuer les charges et valoriser le cours des actions sur les marchés boursiers. Ces pratiques dénotent d'une immoralité et d'une perversité qui n'a plus de limites et qui fait fi de la décence la plus élémentaire.Tous les pays sont tenus de se soumettre au diktat de la finance internationale et s'inscrire dans cette nouvelle configuration et malheur à ceux qui osent prendre leur distance en exprimant la volonté de s'engager dans des politiques de développement à la hauteur des aspirations des peuples. De nombreux pays en ont fait les frais lorsqu'ils ont été contraints par leur endettement extérieur et obligés de se soumettre à des politiques d'ajustement extérieur qui n'ont jamais profité à leur population. Seuls les pouvoirs locaux illégitimes en ont tiré avantage car ils se sont mis au service d'une coalition mondiale qui n'a d'yeux que pour les matières premières du tiers monde et ses débouchés. La crise financière de 2008 a mis au grand jour les limites d'un système économique mondialisé et donné l'espoir que des changements sont possibles et que ceux qui détiennent le pouvoir d'agir sont disposés à envisager des perspectives allant dans le sens d'un monde plus humaniste. Malheureusement les enseignements n'ont pas été tirés et la seule thérapie adoptée a consisté à injecter des milliers de milliards de dollars pour freiner la contagion entrainée par les produits financiers toxiques et sauver les privilèges des nantis de la grande finance capitaliste. Le coronavirus, responsable d'une pandémie mondiale, rebat les cartes et provoque de profondes fissures dans l'espace géopolitique et économique à l'échelle de la planète. La mondialisation économique est terrassée par un virus qui a montré sa capacité à se mondialiser à une vitesse supérieure à celle des missiles les plus performants et ses dégâts collatéraux sont énormes et annoncent des révisions déchirantes. L'union européenne suspend les règles de discipline budgétaire et met fin à une vision comptable qui a fait de l'équilibre budgétaire la finalité de sa stratégie.Le virus covid-19 a fait éclater la solidarité entre les pays du monde « libre » et le protectionnisme qu'ils ont toujours combattu et le repli sur soi sont devenus leur règle de conduite. L'Italie l'apprend à ses dépens et paradoxalement elle a trouvé le soutien auprès des pays qui sont mis habituellement sur le banc des accusés à l'instar de la Chine, la Russie et Cuba. Les images montrant des citoyens italiens brulant le drapeau de l'union européenne sont symboliques d'un comportement qui annonce de profonds bouleversements à l'échelle des entités régionales et au niveau mondial. Cette pandémie a mis en exergue les conséquences des politiques de délocalisation de la production industrielle par les firmes multinationales notamment dans le domaine des médicaments et dont les activités ont été transférées vers les pays ou les salaires sont les plus bas. Le processus de délocalisation a engendré un chômage massif dans les régions développées et transformé les salaries du tiers-monde en forçats des temps modernes. La pénurie des masques et le rationnement de certains médicaments comme le paracétamol ont suscité une vive polémique et des voix s'élèvent pour appeler à une relocalisation des industries. Le drame causé par le coronavirus fait prendre conscience de l'impuissance des pays à faire face à cette pandémie et montre à quel point le domaine de la santé est demeuré le parent pauvre d'une mondialisation qui a fait croire au monde dit développé que les épidémies surviennent dans les pays du tiers-monde particulièrement en Afrique et pour s'en préserver, il suffit de contenir les flux migratoires et confiner les populations venues d'ailleurs dans leur pays d'origine. Pour les chantres de la mondialisation économique et la globalisation financière seule compte la libre circulation des marchandises et des capitaux. Les scientifiques et les médecins montent au créneau pour dénoncer le désintérêt des pouvoirs publics à l'égard du secteur de la santé pour des raisons budgétaires et les grands groupes pharmaceutiques sont pointés du doigt car elles se focalisent principalement sur les activitésqui font gagner de l'argent. Les grands laboratoires pharmaceutiques sont moins enclins à se lancer dans la recherche pour découvrir un vaccin car l'investissement requis pour sa fabrication est un processus long et complexe et la rentabilité espérée n'est pas assurée surtout si l'épidémie disparait sur le court terme. Les parrains de la mondialisation sont allés jusqu'à imposer une normalisation comptable internationale(les fameuses normes IAS-IFRS) qui stipule que « les dépenses de recherche-développement sont inscrites à l'actif uniquement lorsqu'elles répondent à certains critères indiquant qu'il est probable de recevoir des avantages futurs. En d'autres termes l'activité de recherche est reconnue sur le plan comptable uniquement si elle génère des revenus et les entreprises s'engagent dans cette voie si et seulement si les frais de recherche développement participent au lancementd'un nouveau produit rentable.C'est une conception purement mercantile de la recherche appliquée dictée par les seuls intérêts des actionnaires et par conséquent elle est incompatible avec la recherche fondamentale dont les résultats sont aléatoires et se manifestent sur le long terme. Cela est surtout vrai dans le domaine de la santé car les recherches d'aujourd'hui préparent les traitements de demain.La santé des individus n'est pas la priorité d'un système économique mondialisé et ceux qui régentent le business international voient ailleurs car leurs yeux sont rivés sur les indices boursiers.La recherche fondamentale est sacrifiée sur l'autel de la finance spéculative et le drame provoqué par le Covid-19 témoigne des effets du désengagement des Etats et des acteurs économiques dans la prise en charge des besoins sanitaires de la population mondiale.Il est inconcevable qu'à l'ère de l'intelligence artificielle, des pays bien nantis sur le plan industriel et technologique sont incapables de produire les masques de protection, les tests de dépistage et les respirateurs pour répondre dans l'urgence à une demande grandissante.Lorsqu'il s'agit de faire la guerre, les complexes militaro-industriels montrent une capacité de réaction inouïe pour produire les armes les plus sophistiquées en quantités et en un laps de temps. Mais il est vrai que produire un masque formé d'un morceau de tissu et d'un bout d'élastique a une rentabilité très inférieure à celle d'un missile ou d'un char même si le premier sauve des vies humaines alors que le second tue. La mondialisation du coronavirus a sapé les fondements de la mondialisation économique et les peuples du monde entier découvrent avec effarement l'inhumanité de ce monde dit libre qui a la prétention de s'ériger en modèle dans le domaine des droits de l'homme. La vraie démocratie est avant tout humaine et pour cela elle doit permettre à chaque individu de manger à sa faim, se soigner et s'éduquer. Cette pandémie inattendue a le mérite de faire prendre conscience aux peuples que l'humanité est condamnée à emprunter une trajectoire qui garantit une répartition des richesses avec plus d'équité. Aujourd'hui l'essentiel est de stopper cette catastrophe sanitaire et de trouver les moyens de conjurer les conséquences désastreuses d'une récession économique mondiale qui selon certains avis est plus grave que la crise de 1929. |
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