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Calfeutrées dans des
masures insalubres, surpeuplées et suintant l'humidité et l'eau de pluie, des
dizaines de familles sont durement confrontées au sordide le plus exécrable,
dans les centres de recasement et les bidonvilles, essaimés à travers la
contrée côtière d'Aïn El Turck,
en ces temps de confinement.
Claustrées par le confinement qui démultiplie les déboires et les difficultés, ces familles tentent de survivre dans des conditions de vie éprouvantes, effroyables et humiliantes. Abordée à ce propos dans l'ancien camp de toile du village de Cap Falcon, une quadragénaire recasée avec ses enfants, a évoqué plus l'inquiétude que la plainte. Avec la fermeture des écoles, elle a dû arrêter le travail pour les garder. «J'habite dans une masure exigüe avec mes trois enfants en bas âge», raconte-t-elle. «À cause des punaises, j'ai tout jeté, on dort par terre. Il y a aussi des cafards, des rats et de l'humidité. Il y a une seule fenêtre d'où entre peu d'air». Ce n'est pas tant le coronavirus que l'asthme de son fils de six ans qui la préoccupe. En cette période de confinement, ses poumons sont exposés en permanence à l'air malsain des lieux «Le médecin m'a dit qu'il faudrait changer de maison. En principe je devrais, comme tous les autres occupants de ce lieu infecte de recasement, être prioritaire pour un relogement, mais j'attends, depuis je ne sais plus quand et je ne sais pas jusqu'à quand», se désespère cette mère célibataire. Les mêmes témoignages poignants ont été formulés par les parents de trois enfants. «Le confinement est synonyme pour nous autres de l'entassement dans un espace réduit. C'est vraiment dur» raconte le père, «Avant, les enfants étaient inscrits à des activités, allaient jouer au foot. Maintenant, on reste coincés ici. Il y a de l'humidité et même des champignons». La mère reprend : «Le problème, c'est que les enfants, à force de mal respirer, tombent malades» Pour ces parents, le premier soulagement serait d'être inscrits sur la liste des bénéficiaires de logements sociaux du chef-lieu de la daïra d'Aïn El Turck. «Le confinement pour les mal-logés est plus qu'humiliant. Ne serait-ce que pour des raisons de santé publique, il faut nous sortir de là. Un violent contraste avec certains bénéficiaires de logements, toutes formules confondues, qui les utilisent comme résidence secondaire, et les sous-louent en été, dans des cités surplombant la localité de Bouisseville et celles situées à la sortie du quartier Bensmir, communément appelé ?douar naquousse'. Ils sont venus s'y installer, ces derniers jours, pour adoucir leur confinement. Nous sommes peut-être tous dans le même bateau avec cette pandémie du Covid-19, mais certains sont coincés au fond de la cale» ont fait remarquer, en substance, avec une pointe de dépit, d'autres recasés du Centre de la localité de Bouisseville. La métaphore est tout aussi troublante pour ces recasés en ce qui concerne le confinement. «A notre humble avis, être confinés dans un centre de recasement surpeuplé et sordide nous rend encore beaucoup plus vulnérable au virus. La promiscuité démultiplie les risques de contagion», ont souligné des occupants du bidonville de Paradis-Plage. L'inquiétude s'empare insidieusement des ces mal-logés et de ces recasés, notamment ceux qui vivent grâce à des activités informelles et/ou encore qui exercent des emplois précaires, non déclarés et n'ayant évidement pas de couverture sociale. L'impact indésirable réside dans le manque à gagner chez ces gens. «On m'a prié de rentrer chez moi et de ne plus revenir jusqu'à nouvel ordre. Je n'ai même été pas payé. Je me demande comment je vais faire pour nourrir ma famille» s'est insurgé un recasé de ladite localité. C'est aussi le cas d'un autre occupant de ce lieu de recasement, taxieur clandestin de son état, qui avait du mal à contenir sa colère. «Je suis dans l'obligation d'apporter un morceau de pain à mes enfants quitte à braver l'interdiction de circuler après 19 h» a-t-il affirmé avant de renchérir, «cette situation de confinement a contribué à accroître les inégalités. C'est une ignominie pour nous autres occupants de constructions illicites malgré nous. Nous n'avons pas pour autant l'intention de nous taire». Autre conséquence non anticipée du confinement, liée à la surpopulation dans les bidonvilles et les centres de recasement qui pousse, inévitablement, leurs occupants à se regrouper dans la rue. Il importe de noter dans ce contexte que, recasées depuis plusieurs années dans différents lieux ne répondant nullement aux conditions élémentaires de vie, des dizaines de familles sinistrées se débattent dans des situations les plus exécrables, qui dépassent de loin tout entendement, en attendant un hypothétique relogement. Le cas de ces plus de soixante familles, recasées dans un ancien de camping de toile dans le village de Cap Falcon, censé être à titre provisoire, qui semblent avoir perdu tout espoir quand à leur prise en charge et ce, en dépit de leurs multiples rassemblement de protestation et de leurs requêtes adressées aux responsables concernés. Ces familles, qui ont été, comble de l'ironie, recensées à plusieurs reprises, notamment à la veille de chaque scrutin, attendent depuis des années, que les autorités honorent leurs engagements pris à leur égard. |
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