
Aucun
nouveau cas enregistré les dernières vingt-quatre heures (bilan du samedi),
bien qu'il y eût 45 à travers le territoire national, aucun décès non plus :
une lueur d'espoir dans cette obscurité sidérale causée par l'un des plus
petits êtres vivants sur la planète Terre ? Sommes-nous arrivés à nous
accrocher à tout ce qui nous éloigne de ce cauchemar nommé ?coronavirus' ?
Quand nous lisons ce qui se passe dans le monde, particulièrement en Europe et
aux USA et que nous le comparons à ce que nous vivons, nous nous disons que
nous avons bien de la chance. Et peut-être bien que nous en avons, surtout
après ce que rapportent des sites électroniques sur le stock français de Chloroquine
qui aurait disparu mystérieusement et les luttes économiques qui font rage
ailleurs. Nous sommes un peu comme les citoyens pauvres d'un pays pauvre qui
n'ont rien à perdre et dont les besoins sont minimes. Mais revenons un peu chez
nous en ce sixième jour de confinement où nous voyons les gens rester plus
longtemps chez-eux, jusqu'à onze heures hier matin,
très peu sont sortis, surtout ceux qui voulaient acheter de la semoule, du lait
ou d'autres victuailles, très demandées maintenant.
En
ville, les magasins sont désespérément fermés, sauf quelques supérettes, des
bureaux de tabac ou deux ou trois boucheries, c'est une ville fantôme que nous
parcourons. Quand nous rencontrons des connaissances, nous nous saluons de
loin, avec un sourire convenu qui en dit long sur notre situation psychique. Au
détour d'une rue, un attroupement de plusieurs personnes près d'une épicerie
attire le regard : c'est une longue chaîne pour acquérir de la farine et de la
semoule. Nous voyons quelques sacs de farine déposés par terre, de la semoule
en paquets d'un kilo qui disparaissait à vue d'œil et des dizaines de cartons
de lait. Tout le monde veut acheter de la semoule - d'ailleurs d'une marque
dont personne ne voulait auparavant- et les derniers s'en sortiront avec une demi-heure
d'attente sans rien trouver. Un jeune homme leur lança : « il y a à peine vingt
jours, personne ne voulait acheter de semoule car leurs femmes refusaient de
préparer le pain à la maison, maintenant vous en achetez mais je suis sûr que
la plupart le mettront au placard, il n'y a qu'à voir les chaines qui se
forment devant les boulangeries pour comprendre que ces achats massifs de
semoule et de farine n'ont aucun sens ». Certains baissent les yeux, d'autres
bougonnent mais personne n'ose lui répondre. Il y a aussi un autre problème qui
s'est posé crucialement pour une certaine catégorie de citoyens qui n'ont pas
les moyens nécessaires, ce sont les douches publiques qui sont fermées. Il y a
des gens qui ne peuvent se laver le corps à la maison car ne possédant pas de
douches, surtout avec le froid intense de cette fin du mois de mars et certains
affirment qu'ils ne se supportent plus eux-mêmes. L'absence de coiffeurs se
fait aussi sentir et nombreux sont ceux qui ont laissé pousser leurs barbes ou
leurs cheveux en attendant des jours meilleurs. Le manque de carburant pénalise
aussi beaucoup de monde et la circulation automobile se fait de plus en plus
rare. Si le commun des habitants n'a pas besoin de voiture, il y a des
commerçants qui s'approvisionnent avec des camionnettes qui roulent à l'essence
et qui ne peuvent plus bouger et, aussi, en cas d'urgence médicale, les
ambulances pourraient ne pas suffire. Les épiceries continuent de voir leurs
étals se vider sans possibilité de les remplir à cause de certaines
restrictions imposées par les pouvoirs publics et différemment appliquées sur
le terrain. Il y a aussi le comportement négatif de certains individus qui ne
comprennent, toujours pas, qu'il est dangereux de se réunir à plus de deux
personnes et qu'il y a lieu d'observer une distance de sécurité d'au moins un
mètre. Les services de sécurité sont souvent appelés à intervenir pour que les
gens observent ces règles d'hygiène et de sécurité pour leur propre bien, comme
en soirée quand ces mêmes services parcourent les rues des villes pour demander
aux habitants de rentrer chez eux, en utilisant des haut-parleurs, sans qu'ils
soient obéis par de jeunes énergumènes qui veulent épater leurs amis (es) en
risquant de mourir bêtement.