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Dans
le cadre de nos missions civiques de vulgarisation scientifique en temps de crise,
nous venons ici apporter notre participation dans le domaine de notre expertise
: la psychologie, afin de pouvoir diffuser un contenu pouvant aider les
lecteurs à mieux appréhender les difficultés de la période. Il y a des moments
effectivement, où la fragilité des individus est plus accentuée qu'à d'autres
moments. Nous vivons actuellement une période peu ordinaire sur le plan de
notre santé mentale, cette pandémie a fait émerger en effet une fluctuation
d'émotions diverses et nous fait interroger sur des questions vitales. Notre
cognition est en crise, la « crisologie » comme le
souligne (E. Morin, 1976) renvoie à une double béance : Une béance relative au
savoir et une autre relative à la réalité sociale. Autrement dit, nous sommes
devant un vide difficile à combler vis-à-vis de la dimension cognitive de ce
que nous vivons. On se pose des questions qui restent parfois sans réponses
convaincantes : Pourquoi cette pandémie ? Comment s'en sortir ? Quand
pourrons-nous tourner la page ? Autant de questions sans réponses vis-à-vis de
la pandémie. Et également nous nous posons des questions sur la nature de la
réalité sociale que nous subissons : pourquoi rien ne fonctionne comme avant ? Ce
confinement sera-t-il long ?pourrai-je obtenir mon diplôme cette année ?
Devant cette nouvelle écologie, notre organisme essaye de trouver du sens aux multitudes perturbations auxquelles il doit faire face et assurer une continuité, sans laquelle nous sommes tous condamnés à ne plus réagir face aux épreuves de la vie. Cette forte énergie est appelée chez (C. Rogers, 1980) « la tendance actualisante ». Elle est le propre de chaque organisme vivant et dépasse de loin la seule condition humaine. En effet, si nous mettons une graine dans un pot et nous l'arrosions, puis nous le laissons dans une cave, la semence qui deviendra petit à petit plante s'acheminera tout naturellement vers le moindre rayon de soleil (ou de lumière). Notre organisme est en train de vivre une expérience, de multitudes d'expériences dans cette crise du Covid-19 et apprend à « s'en sortir » chaque fois qu'il est confronté à une difficulté. C'est notre nature qui est ainsi faite. Le Tout-Puissant nous a programmés à avancer, à prendre de l'âge, à guérir, à surmonter et à tout simplement nous actualiser sans cesse. Le vide n'existe pas et le statuquo non plus.Tout est en mouvement depuis la plus petite des formes biologiques à la plus grande des formes cosmiques. Nous cherchons toujours laforce qui est en nous et qui nous permettra d'aller mieux.« Il existe un flux sous-jacent de mouvement vers la réalisation constructive de ses possibilités inhérentes. » (C. Rogers, 1980). Grâce à cette propriété nous sommes appelés à toujours nous conjuguer pour avancer et acquérir ainsi des attitudes plus adaptées aux aléas des nouvelles circonstances. Nous avons des forces insoupçonnées en nous, nous sommes programmés naturellement pour aller chercher les meilleures situations pour pouvoir normaliser nos rapports au monde. L'optimisme reste alors l'attitude la plus appropriée à ce genre de situation. Être optimiste, cela voudra dire être capable d'offrir à soi et à son entourage une promesse positive, une vision d'évolution basée sur une réalité sereine. L'optimisme est l'une des forces de caractère la plus étudiée en psychologie positive. Celle-ci, pour rappel, consiste en « l'étude des conditions et des processus qui contribuent à l'épanouissement ou au fonctionnement optimal des individus, des groupes et des institutions » (Gable et Haidt, 2005). L'optimisme est donc« une attitude cognitive consentant à l'individu une inscription positive de ses prévisions futures ». On est optimiste vis-à-vis de la réussite à un examen.Cela voudra dire qu'on envisage une issue positive sans pour autant parler des modalités objectives liées à la préparation de cet examen. L'optimisme en situation de crise permet un engagement vers l'activation des forces vives de l'organisme afin de lui permettre de s'inscrire dans une modalité de négociation positive vis-à-vis de cette pandémie. Les études démontrant les bienfaits de l'optimisme en psychologie se caractérisent toutes par une certaine unanimité quant à son rôle joué sur le plan de la santé physique et mentale. Cela est dû à la spécificité de cette attitude, l'optimisme conditionne notre perception du réel et l'inscrit dans une perspective d'accomplissement de soi. Ce faisant, il entraine une dynamique tant physiologique que psychologique permettant à l'individu de négocier les opportunités de vie en fonction d'un registre basé sur laconfiance. Une synergie est alors établie entre le champ du possible et la concrétisation des quêtes individuelles et sociales. L'optimisme a été étudié en psychologie de la santé et en neuropsychologie afin de rendre compte de son éventuelle contribution au maintien et à l'épanouissement de notre capital santé. Une méta-analyse regroupant plus de 84 études effectuées par (Narmussen, Greenhouse&Scheier, 2009) ayant testé la relation entre l'optimisme et les indicateurs d'une bonne santé physique. Dans l'ensemble, les résultats mentionnent que l'optimisme est un prédicteur significatif de la santé physique. Une autre étude dans ce sens diligentée par (Kivimaki&All., 2005) dans laquelle les auteurs ont examiné de façon prospective les changements dans la santé après la survenue d'un événement majeur de la vie (décès ou apparition d'une maladie grave dans la famille) chez 5007 personnes. Les résultats suggèrent que l'optimisme peut être lié à un rétablissement plus rapide après un événement majeur de la vie.Dans la même continuité de ces études, l'article de(Soliah, 2010)aborde les relations entre l'optimisme, la nutrition et le comportement lié àla santé. Elle évoque que la littérature offre des preuves que l'optimisme améliore le bien-être mental et physique et participe également aux décisions de sélection des aliments. L'optimisme augmente ainsi la probabilité de faire des choix alimentaires sains et de vivre une vie meilleure. Il est évident qu'il s'agit d'un trait de caractère mais également d'une attitude qui permet une meilleure gestion des stimuli cognitifs afin de les interpréter selon des grilles de lectures positives. Il est communément admis que l'Algérien à travers son histoire n'a cessé de négocier les épreuves auxquelles il a été affronté avec beaucoup d'abnégation. En effet, la «Résilience sociale», cette capacité commune à vivre, à cheminer, à se développer est le propre de notre peuple. Notre histoire est marquée par l'émergence d'une résistanceet d'une intelligence stratégique permettant l'atteinte des objectifs assignés. Nous savons agir dans les situations extrêmes, ce qui nous permettra d'être à la fois optimiste afin de pouvoir nous conjuguer avec les aléas de cette pandémie et cela bien sûr avec une certaine prudence afin d'avancer à pas certains. Je finirai ici par ces belles paroles attribuées à Djalâl ad-Dîn Rûmîdans le Mensevi(pp. 153-154) afin que nous puissions tous méditer dessus .... « ...Sur une île verdoyante, une vache vivait dans la solitude. Elle y paissait jusqu'à la tombée de la nuit et engraissait ainsi chaque jour. La nuit, ne voyant plus l'herbe, elle s'inquiétait de ce qu'elle allait manger le lendemain et cette inquiétude la rendait aussi maigre qu'une plume. A l'aube, la prairie reverdissait et elle se remettait à paître avec son appétit bovin jusqu'au coucher du soleil. Elle était de nouveau grasse et pleine de force. Mais, la nuit suivante, elle recommençait à se lamenter et à maigrir. Le temps avait beau s'écouler, jamais il ne lui venait à l'esprit que, la prairie ne diminuant pas, il n'y avait guère lieu de s'inquiéter de la sorte. Ton ego est cette vache et l'île, c'est l'univers. La crainte du lendemain rend la vache maigre. Ne t'occupe pas du futur. Mieux vaut regarder le présent. Tu manges depuis des années et les dons de Dieu n'ont jamais pour autant diminué... ». *Docteur en Psychologie |
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