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Face à la guerre que mène le monde entier
contre la propagation du coronavirus, le gouvernement algérien ménage le
politique et le religieux.
S'il a pris d'importantes mesures de préservation de l'Algérie de la propagation du virus, le gouvernement Djerad refuse de les imposer aux milieux politiques qui lui sont hostiles ainsi qu'aux responsables des mosquées et lieux de culte. Le 1er ministre l'a fait entendre en recommandant au «hirak» juste de prendre ses précautions. «On ne lui interdit pas de marcher mais on lui demande de prendre ses précautions en se protégeant (...)», a-t-il déclaré samedi à Blida. C'est-à-dire au lendemain de la marche hebdomadaire dont les «meneurs» narguent les décideurs même si ce regroupement risque de devenir un vecteur dangereux de propagation. Les propos de Abdelaziz Djerad sont marqués d'un populisme aberrant -à la limite de l'hypocrisie- en ces temps d'alerte contre un virus à propos duquel il reconnaît lui-même qu'il n'y a encore ni remède ni vaccin. Tout autant qu'au «hirak» considéré comme milieu «politique» hostile au pouvoir en place, le gouvernement a conseillé aux imams de prendre une fatwa qui convainc les fidèles de ne pas faire leurs prières regroupés dans les mosquées. Parmi les mesures qu'il a dictées au reste des institutions, il a simplement demandé aux responsables des mosquées d'interdire toute activité susceptible de regrouper du monde à l'exception de la prière du vendredi où ils doivent sensibiliser les fidèles sur les précautions à prendre pour éviter la contamination. Pourtant, Djerad sait que le COVID 19 court le monde entier sans prévenir et sans craindre de quelconques barrières. Il a d'ailleurs prévenu hier que si la propagation en Algérie atteint ses phases 2 et 3, il décidera de fermer le triangle Alger-Blida-Boufarik aux mouvements de sorties et des entrées. Là encore, il a enjambé un détail important. Il a curieusement évité de citer la frontière Est de la capitale où au moins 3 cas suspects ont été enregistrés (à Tizi Ouzou) dès les premiers temps de l'apparition du virus dans le pays. Devant un peuple à la sensibilité à fleur de peau, le gouvernement aurait dû placarder un peu partout les préceptes et hadiths de l'Islam qui recommandent aux êtres humains de faire de la préservation de la vie humaine une obligation impérative. «La préservation de ta personne, de ta famille, c'est une obligation sur laquelle tu vas être interrogé le jour de la résurrection», a affirmé vendredi le 1er responsable du Hezbollah. Nasrallah a appelé les populations à respecter «à la lettre» les décisions des autorités politiques et sanitaires dans leur lutte contre le coronavirus. «C'est une guerre mondiale qui diffère totalement de celle conventionnelle où il y a un ennemi et des cibles», a fait remarquer ce ténor de la politique et de la géostratégie. Ce qui le pousse à expliquer que «le coronavirus est un ennemi inconnu mais ses dangers sont devenus clairs et ses menaces très vastes, il ne s'arrête à aucune limite géographique ni à un nombre précis de personnes qu'il touchera». Il a rappelé que «les prévisions des Etats-Unis sont de 160 à 225 millions de personnes qui risquent d'être contaminées». Il a appelé «tout le monde» à «prendre ses responsabilités, à travailler pour pouvoir y faire face et sauver la vie qui est sacrée et pour la préservation de laquelle on doit craindre Dieu, des milliers de gens sont guéris en Chine, en Iran et ailleurs dans le monde, c'est donc possible de s'en sortir avec le moins de dégâts possibles». Hier, l'Algérie a enregistré 48 cas confirmés et un 4e décès. Les chiffres de contamination augmentent de jour en jour. Le 1er ministre qui qualifie ce virus de «rampant», a affirmé que «nous avons pris toutes les précautions, on ne peut propager la panique ni la psychose chez les citoyens mais il faut qu'ils comprennent que la menace est sérieuse». De tels propos sont contredits par ceux bien tièdes qu'il a tenus la veille pour ménager le «hirak» et les imams. La conjoncture est plus que décisive pour un exécutif dont beaucoup de ses membres ont agi sur la toile pour cogner fort sur le pouvoir et sur ceux qui pensent aujourd'hui l'incarner. Ce paradoxe «tuer la personne et marcher dans son enterrement» risque de mener le pays dans une impasse de laquelle le gouvernement Djerad ne saura pas l'en sortir faute d'aptitude et de courage politiques et aussi de rigueur et de perspicacité dans la gouvernance. |
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