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Discipline et civisme

par Abdelkrim Zerzouri

Au fur et à mesure que la propagation du coronavirus gagne du terrain, la fièvre des achats gagne, elle, les esprits. Les gens commencent à se ruer sur les produits de première nécessité, craignant une crise sévère de la pandémie du coronavirus, se ruant notamment sur la semoule, l'huile et les légumes secs, qui peuvent aider les familles à tenir le coup d'un confinement stricte des populations. Une probabilité pas du tout lointaine au train où vont les choses et des mesures de plus en plus strictes adoptées par le gouvernement algérien, à l'instar des autres gouvernements à travers le monde. La razzia sur les superettes vue dans les pays européens ne donnent pas trop à réfléchir aux Algériens, champions dans le domaine avec des razzias cycliques auxquelles aucun produit ne résiste. Déjà, en douce, des superettes ont été carrément vidées. Tout y passe dans les chariots pleins à craquer, produits alimentaires et autres produits d'hygiène. N'est-ce pas le moment pour le gouvernement de penser à prendre des dispositions pour approvisionner les marchés afin d'éviter les pénuries qui s'installent, touchant pratiquement tous les rayons ? De toute évidence, l'urgence n'est plus à signaler, et tout ce qui a été préparé pour le mois de Ramadhan devrait être mis en application immédiatement. Le ministre du Commerce, qui avait annoncé ces derniers jours que toutes les dispositions et mesures ont été prises par son département pour le contrôle du marché national, afin d'éviter la rareté des marchandises et la flambée des prix à l'approche du mois sacré du Ramadhan, devrait passer à l'action pour appliquer cette politique tout de suite, maintenant. Et, la commission nationale installée dans ce cadre par M. Rezig, comprenant l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), l'Office national interprofessionnel du lait et des produits laitiers (ONIL) ainsi que l'Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (ONILEV), ferait mieux de s'engager concrètement et sans délai sur le terrain pour parer au plus pressé et assurer un approvisionnement large et régulier du marché en produits alimentaires nécessaires dans les prochains jours, comme elle l'aurait fait pour le Ramadhan qui paraît loin devant cette crise mondiale. Aussi, il serait important, voire indispensable, de rationner certains produits, notamment les masques, les désinfectants et les gels hydro-alcooliques. Car, pour se prémunir contre la maladie, il faut que tous les Algériens soient en mesure de s'en procurer, sinon celui qui n'en trouve pas sur le marché, suite au dépouillement des rayons, sera un vecteur de contamination pour les autres. La santé de l'individu passe par la santé de la société, et vice-versa. Peut-on espérer atteindre ce niveau de civisme, qui a affreusement manqué aux gens de pays développés, réputés plus raffinés ? Pas sûr. D'où l'obligation à tenir par les vendeurs de limiter les ventes des produits qui enregistrent une pression de la demande, quelle soit alimentaire ou hygiénique, selon un besoin individuel, tout au plus familial. Dans la phase qui se profile à l'horizon, seule la discipline et le civisme peuvent nous faire passer le test « coronavirus » avec succès.