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Les voyants étant au rouge, le Premier
ministre, Abdelaziz Djerad, a appelé, hier, à une mobilisation
de tous pour faire face à la crise multidimensionnelle que connaît le pays.
L'appel est adressé principalement au mouvement populaire. S'adressant
explicitement aux animateurs du Hirak, Abdelaziz Djerad estime que dans le contexte actuel, il serait en
effet « plus sage d'atténuer la tendance revendicative et l'occupation
excessive de la voie publique, qui ne font qu'aggraver davantage la situation
actuelle sans apporter de solutions concrètes aux différents problèmes auxquels
font face les citoyens et citoyennes ». Parallèlement, il les appelle à une
participation « plus active » dans la lourde tâche de construction de l'Etat
rénové. Voilà donc le principal message que le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a tenu à adresser dans un entretien accordé hier à
l'APS en marge de la cérémonie d'installation de M. Reda
Tir, nouveau président du Conseil national économique et social (CNES). Un
message qui intervient dans un contexte de crise politique, économique et
sociale tout à fait particulier auquel vient se greffer une chute dramatique
des prix du pétrole, principale source de revenus du pays.
Pour l'ensemble des experts en effet, cette baisse des cours du brut va faire exploser le déficit budgétaire du pays, déjà prévu à 6% du PIB en 2020. Un contexte exacerbé qui risque de compromettre certaines promesses prises par Abdelmadjid Tebboune en direction des ménages modestes et accentuer davantage le bouillonnement du front social. L'expert des questions énergétiques et ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a ainsi estimé avant-hier, le jour même d'une dégringolade de prix historique de l'ordre de 20% sur les marchés asiatiques, que les conséquences de la chute des cours du pétrole pour l'Algérie « sont déjà définitivement négatives sur l'ensemble des prévisions économiques et budgétaires, puisque notre propre loi de finances a été établie sur la base d'un baril à 60 dollars ». Pour M. Djerad donc, et devant l'ampleur de la tâche et des défis de l'heure, ainsi que devant la gravité de la situation économique et sociale actuelle du pays, « il est attendu la mobilisation de toutes les parties pour sortir de cette crise multidimensionnelle, à travers une participation plus active du mouvement populaire principalement, dans la lourde tâche de construction de l'Etat rénové, auquel aspirent tous les enfants de notre pays, car l'Algérie appartient à tous ses enfants », a ainsi indiqué M. Djerad. D'autant plus, a-t-il souligné, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, « s'est engagé à asseoir un processus d'édification de la nouvelle république sous une matrice constitutionnelle qui consacre une transparence des élections, une réelle démocratie participative, une société civile forte, une classe politique représentative et une presse libre et responsable ». A une question sur le contexte économique et social, le Premier ministre a relevé qu'au plan national, «l'état des lieux hérité de la gouvernance antérieure traduit de grandes menaces qui continuent de peser sur la situation économique et sociale du pays», faisant savoir que le président de la République et le gouvernement « ont hérité d'une situation catastrophique sur tous les plans». «Des institutions et une administration traumatisées par l'ampleur prise par la corruption qui a profondément affecté la sphère politico-administrative et qui a entraîné un accaparement des centres de décisions économiques et financières au profit des intérêts privés. Une situation financière du pays très fragile, marquée par de profonds déséquilibres au plan interne et externe», a encore soutenu le Premier ministre. Djerad reste néanmoins convaincu que « la sagesse, la compréhension et la mobilisation des forces vives de la nation sont la seule voie qui permettrait une solution apaisée en vue d'assurer une sortie d'une crise politique, économique et sociale sans précédent et écarter toutes les manipulations avérées, qui ne sauraient diviser les enfants de ce pays ni attenter à la cohésion nationale du peuple algérien». Se voulant rassurant, le Premier ministre a rappelé que le mouvement populaire du 22 février 2019 « a amorcé un processus irréversible de construction d'une Algérie nouvelle en rupture avec le système et les pratiques passées», ajoutant que le gouvernement, nommé par le Président Tebboune, «a inscrit son action dans le prolongement des revendications de ce Hirak à l'action salvatrice, grâce à l'accompagnement et la protection de l'Armée nationale populaire et des services de sécurité». S'agissant de la loi de finances complémentaire (LFC) pour l'exercice 2020, à laquelle ont appelé plusieurs experts pour s'adapter aux nouvelles donnes imposées par les chutes drastiques du prix du pétrole, elle est actuellement en cours de préparation, a annoncé, par ailleurs, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad. Destinée à dégager les financements nécessaires aux actions urgentes et prioritaires, le projet de la LFC comportera de nouvelles dispositions, notamment l'annulation des mesures «discriminatoires» contenues dans la LF 2020, l'adoption de mesures fiscales incitatives au profit des entreprises ainsi que les mesures légales de base nécessaires à l'assainissement et à l'amélioration du climat des affaires et à la relance de l'investissement. Le Premier ministre a, par ailleurs, rassuré que l'Etat compte maintenir ses engagements en matière de financement de développement, malgré l'impact de l'épidémie de coronavirus sur les prix de pétrole, tout en adoptant une gestion «prudente» des finances publiques, à travers la réduction du gaspillage des ressources, la rationalisation des dépenses de fonctionnement et d'équipement et la promotion de manière soutenue d'une économie diversifiée, développant davantage l'économie réelle et son moteur l'entreprise nationale, créatrice de richesse. |
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