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Si les pays de l'Opep n'arrivent pas à une décision d'une baisse
supplémentaire de la production, les prix risquent de chuter encore davantage.
Des experts expriment leurs craintes d'un «choc baissier».
Mourad Preure, invité hier à une émission de la radio nationale chaîne 3, estime que le marché pétrolier risque un «véritable choc baissier». «On est dans un contexte qu'on ne pouvait pas imaginer... L'arrêt de l'usine du monde (la Chine) nous met dans une situation imprévisible», a déclaré l'expert Mourad Preure pour qui il y a risque d'un «véritable choc baissier». M. Preure est revenu sur la chute des prix du pétrole (-30%) enregistrée cette semaine qui, selon lui, a démenti le consensus des experts qui s'attendaient à une croissance économique mondiale en 2020 et d'une hausse de la valeur de l'or noir. Le marché pétrolier n'est pas dans une configuration d'«épisodes baissiers», comme c'était le cas sous la fluctuation des réserves américaines, mais il est guetté par le risque d'un «véritable choc baissier» où le prix du baril de pétrole peut descendre sous la barre des 40 dollars. Pour lui, dans un scénario optimiste, l'impact de cette baisse sur l'Algérie peut se traduire par un recul entre 20 et 34 milliards de dollars des recettes pétrolières. La réduction de la production doit être importante Pour sa part, l'ancien PDG de Sonatrach, Nazim Zouioueche, dans un entretien accordé à l'APS, estime qu'une nouvelle réduction de la production de l'Opep+ devrait être «importante» et «scrupuleusement respectée». Il a expliqué que «la variation des prix du pétrole est motivée essentiellement par l'évolution de l'offre et de la demande», mais également par «des événements géopolitiques, de possibles incidents de fonctionnement dans l'exploitation, la liquéfaction, transport, ou la branche raffinage». «Les prix chutent si l'offre est supérieure à la demande, par contre, si des problèmes politiques ou autres touchent des pays producteurs, une tendance haussière se déclenche. Au début de l'année 2020, les prix se maintenaient à un niveau relativement contenu autour de 60 dollars le baril malgré les accords de réduction de la production, conclus par l'Opep+, valables jusqu'à fin mars 2020», a-t-il ajouté. Selon M. Zouioueche, «la couverture médiatique intense autour de l'épidémie de coronavirus en Chine a provoqué une réduction drastique des prix de l'ordre de 20%, alors que l'épidémie de Sras au début du siècle n'avait pas occasionné un tel écho négatif». «Cela signifie qu'à la morosité ambiante, l'épidémie a accéléré la tendance baissière puisque la Chine, principal importateur, voyait ses activités réduites entraînant ainsi un risque de chute de la demande avec une offre constante». Pour Nazim Zouioueche, «une reprise sensible des prix d'ici au mois de novembre paraît peu probable». «L'Opep et son allié russe peuvent évidemment décider d'une autre réduction mais celle-ci ne doit pas être une réduction cosmétique mais une réduction importante et répétitive si nécessaire tout en étant scrupuleusement respectée». Impact sur l'économie algérienne A la question de savoir quel serait alors l'impact sur l'Algérie, Nazim Zouioueche répond : «Si l'Opep+ décide d'une nouvelle réduction, l'Algérie ne sera impactée que marginalement puisque déjà nous produisons un peu en dessous du quota actuel, alors que les prévisions futures ne sont pas très encourageantes. Evidemment, l'impact sur l'économie et sur la réalisation des différents programmes risque de s'inscrire négativement. Il devient de plus en plus nécessaire de prendre les mesures ad hoc pour atténuer la dépendance aux hydrocarbures». «Au-delà de la réduction des importations, qui s'avèrent difficiles, il faudrait revoir notre politique de subvention et développer une diversification de notre économie en utilisant une partie de nos réserves restantes et créer les conditions pour accroître les IDE en améliorant «le climat des affaires»», affirme l'ancien PDG de Sonatrach. A cela, il faudra ajouter «l'assainissement des finances publiques» et la mise en place de «conditions pour améliorer le recouvrement de l'impôt». «Par ailleurs, développer les énergies renouvelables largement disponibles pour augmenter leur participation à la production d'électricité et dégager ainsi au plus vite de larges quantités de gaz naturel». |
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