
Certes,
contrairement à ce que tentent de faire accroire certaines parties
malveillantes, il n'y a pas de conflit majeur, apparent, dans les relations
entre l'Algérie et l'Espagne, «des pays voisins, amis, et qui ont les mêmes
intérêts géostratégiques et économiques», selon une formule naguère partagée
par les responsables des deux pays. Mais force est de reconnaître que la
situation a évolué après l'arrivée au pouvoir, en juin 2018, du gouvernement
socialiste de Pedro Sanchez. Dans ce contexte, selon les comptes rendus de
journalistes, qui se réfèrent aux déclarations de la ministre espagnole des
Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, il est
relevé que le premier quiproquo qui a immédiatement imprégné ces relations
concerne bien le tracé de la frontière maritime entre les deux pays. Le
ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, qui a animé hier un point de presse avec son
homologue espagnole a, pour sa part, affirmé qu'«il n'y a pas de conflit sur la
frontière maritime entre l'Algérie et l'Espagne», et que «tout ce qui a été
rapporté par certains médias espagnols et certains parlementaires n'est que
mensonge», a-t-il soutenu. Ajoutant que «l'Algérie
est un pays pacifiste qui ne nourrit aucune intention hostile à l'égard de
l'Espagne avec laquelle nous voulons avoir des relations de partenariat».
Comment alors expliquer les déclarations de Mme Arancha
Gonzalez Araya, qui versent dans une logique pas loin du contraire de ce que
soutient M. Sabri Boukadoum
? Ces déclarations, reprises par plusieurs agences de presse, ont peut-être
fait les titres gras des médias, mais la réalité n'a pas été totalement
défigurée. Car, c'est bien la chef de la diplomatie espagnole qui a déclaré, à
la veille d'un voyage (annulé) à Alger, le 26 février, que Madrid est en désaccord
avec l'Algérie sur le tracé de la frontière maritime entre les deux pays en
Méditerranée. L'Algérie a décidé unilatéralement en avril 2018 d'une nouvelle
délimitation de ses eaux territoriales en Méditerranée qui touche à l'archipel
espagnol des Baléares (ndlr, incluant l'île de Carbrera
dans les eaux territoriales algériennes), avait dans ce sens expliqué sur la
radio Cadena Ser la
ministre des Affaires étrangères Arancha Gonzalez
Laya. Exprimant ainsi un désaccord dès le mois de juin 2018 sur le tracé des
frontières maritimes, unilatéralement appliqué par l'Algérie, en prélude à une
étape de négociation qui n'a pas eu lieu ou que la partie algérienne n'a pas
daigné engager. Car, a-t-elle rappelé dans ce contexte, selon le droit maritime
international, «quand tes eaux territoriales chevauchent celles de ton voisin,
cela doit donner lieu à négociation.
Ce que nous
avons fait est d'exprimer notre désaccord pour obliger l'autre partie à
démarrer une négociation. Et cette négociation, depuis 2018, n'a pas eu lieu».
La ministre espagnole des AE préviendra de son côté qu' «il ne faut pas
utiliser des termes qui ne correspondant pas à la réalité». Peut-on comprendre
que l'Algérie a commis une faute en procédant d'une manière unilatérale, en
avril 2018, au tracé de ses frontières maritimes ? La partie algérienne est
dans son droit le plus absolu de procéder à ce tracé des frontières maritimes,
mais elle devait engager des négociations avec la partie espagnole dès lors que
cette partie a manifesté son désaccord à ce sujet. Chose qui n'a pas été faite,
jusque-là, mais cela peut se rattraper, d'autant que ce genre de négociation
peut durer longtemps, selon les spécialistes en la matière. Fini la polémique
au sujet de l'île de Cabrera inclue par le tracé en question dans les eaux
territoriales de l'Algérie ? On le verra suivant le déroulement et
l'aboutissement des négociations entre les deux parties.