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La présidence de la République a dénoncé très sèchement,
samedi, l'inobservation de son communiqué du 28 décembre relatif à
l'information officielle, «une obstination à propager des informations
mensongères», lit-on dans une dépêche de l'APS. «L'inobservation du communiqué
suscité constitue une transgression préméditée des règles de déontologie est
une obstination à propager des informations fausses et mensongères,
qu'assumeront entièrement ceux qui les diffusent», menace le communiqué de la
présidence.
Ici comme sous d'autres cieux dits plus «avancés », il est connu que la rumeur peut faire partie des techniques d'influence dans le cadre de la stratégie de diversion ou de propagande, savamment élaborée dans des « officines toxiques». Mais parce que l'histoire de la communication est aussi ancienne que celle de l'Humanité, il existe aussi une communication dite virale, celle qui consiste à développer des programmes de communication qui puissent fonctionner de bouche à oreille, bien illustrés avec le fameux téléphone arabe bien connu de chez nous. Mais dans le cas d'espèce particulier qui nous intéresse ici, la question à se poser est celle de savoir où se situe exactement la ligne de démarcation, si ténue, entre la communication dite « officielle » et la langue officielle de communication? Parce qu'un problème de communication veut d'abord dire un problème de transparence, cela est d'autant plus vrai que le vide a toujours été l'ennemi originel de la nature. A rebours numérique dans notre pays, sauter le pas pour entrer de plain-pied dans la société moderne de l'information et de la communication, demeure une action aussi urgente que prioritaire, inscrite à l'indicatif de l'Etat et des institutions qui en émanent, pour une gestion moins opaque des affaires publiques du pays. Faut-il se laisser aller à croire que la rumeur est la seule diseuse de choses « vraies » dans un pays où communiquer est le seul métier que nous n'ayons jamais su faire? Sans ramer dans le sens des esprits à l'imagination trop débridée, ni même accorder une ouïe, même bouchée, aux scénaristes mal inspirés de films de série B, force est de constater que dans un pays qui a un mal fou à se parler à lui-même, la rumeur s'est toujours incrustée dans la grande brèche de l'espace public, depuis des lustres, laissé vacant par une stratégie de communication institutionnelle si inopérante que pour l'homme de la rue, la « vérité est partout sauf là où le personnel politique, en charge de la gestion du secteur de la communication, veut qu'elle soit». De nos peurs « ataviques» de nous dire la vérité en face à cette manie tenace de croire que la «vérité» vient toujours «d'ailleurs» et pas de chez nous, comment veut-on qu'un peuple sous informé échappe aux grilles des lectures formatées en laboratoire clandestins pour inoculer « une info», clefs en mains, à une opinion publique qui veut simplement comprendre ce qui se passe dans son propre pays et exercer son droit à être informé sur la gestion des affaires publiques de la nation? Le droit à l'information étant «en théorie» constitutionnellement consacré, faire le «choix stratégique» de dire la vérité, toute la vérité et rien de plus que la vérité, au peuple (et pas seulement la gent des votants!), c'est se prémunir contre les retours de manivelle si dangereux, parce que provoqués par une communication officielle «orientée» à dessein trop aseptisée et surtout décrédibilisée aux yeux d'une opinion qui a désappris, depuis longtemps, à prendre une vessie pour une lanterne. Aussi simple qu'une démocratie vidée de sa sève, celle du droit à l'information amène directement le citoyen à se désintéresser de la gestion des affaires de la cité, un citoyen bien informé est un citoyen (et pas seulement un électeur) qui exerce son droit de savoir sur tout ce qui se passe dans son propre pays. Mais aussi et surtout savoir où il va? |
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