Samedi 08 février 8 heures 30, parc d'attractions de
loisirs à l'entrée de la magnifique pinède de la forêt des pins, à l'entrée
nord de la ville de Tiaret. Un soleil timide perce un ciel brumeux alors que
nous entamons notre randonnée pédestre en direction de la fontaine «Gibon» en plein cœur de la forêt de Mezguida,
sur le versant sud de la forêt du «Plateau», en haut de l'oued Mina.
Escortés par les jeunes vététistes du club «Tiaret
14», l'expédition d'une quinzaine de militants écologistes, hommes, femmes et
enfants, de l'association «Essalam El-Akhdar» s'ébranle, guidée par Ghouzi
Mohamed Reffassi en premier de cordée et organisée
par la louable initiative de l'association de défense et de protection de la
nature « Essalam El Akhdar»
pour célébrer la Journée mondiale des zones humides. Nous entamons notre
périple sur le macadam jusqu'au piédestal en béton «Canon de Tiaret» qui trône
à l'entrée du col de Guertoufa avant de pénétrer en
pleine forêt en direction de la fontaine oubliée. Au bout d'un kilomètre à
peine, le groupe s'étire, tout le monde n'arrivant pas à suivre le même rythme
imposé par le groupe de tête, parti en échappée. Servant de précieux guides,
quatre gardes forestiers veillent au grain pour ne pas sortir de l'itinéraire
initialement prévu. Au beau milieu d'une nature féerique en plein périmètre
forestier du canton de G'zoul, le printemps est déjà
là avec une végétation luxuriante et des arbres qui débourrent avant terme.
Telle une étoile filante, des lièvres déboulent sur nos pas, dérangés par le
bruit causé par les membres de l'expédition. Le doux ramage des oiseaux finit
par nous transporter dans une sorte de béatitude, sous un soleil réchauffant.
Au bout de plus de huit kilomètres de marche à pied, nous arrivons enfin à la
fontaine «Gibon» située dans une sorte de fondrière,
avec des bassins d'eau érigés par les gardes forestiers pour abreuver le gibier
et autres bétails, mais aussi pour servir de réservoirs d'eau en cas de feu de
forêt. Presque asséché, seul un petit filet d'eau coule de la fontaine pour
déverser dans l'un des bassins où stagne une eau verdâtre, envahie par les
algues et autres bestioles de toutes sortes. Nous marquons une halte, à l'ombre
du squelette d'une vieille bâtisse ayant servi de maison forestière avant son
abandon durant la décennie noire. L'expédition décide de s'accorder un moment
de repos, surtout pour avaler l'en-cas, pain, thon, fromage et autre soda,
offert par l'association. Certains profitent de ce moment pour s'installer au
soleil et piquer un petit somme. Après une halte réparatrice de plus d'une
heure, nous entamons le chemin du retour par un autre itinéraire, jusqu'à la
route donnant sur Tagdempt, dans la vallée de l'oued Mina. Ombre noire au
tableau, ces quantités astronomiques de déchets, des bouteilles de boissons
alcoolisées surtout, jonchant un périmètre grand comme un stade de football. Le
garde forestier qui nous accompagne m'explique qu'il est très difficile de
lutter contre phénomène qui agresse toutes les forêts suburbaines, «puisque
même les contraventions insignifiantes que nous infligeons sont loin de
dissuader ces pollueurs de la nature, le code des forêts n'ayant pas été révisé
depuis 1984» nous révèle-t-il. Mourad, Mustapha, Ahmed, Noureddine le
photographe, ce joli couple Monsieur et Madame Braïk,
l'infatigable Slimane et autre Pascal, l'ingénieur agronome, vannés par
l'effort, traînent un pas lourd, après pratiquement 12 kilomètres de marche. Il
est déjà presque 15 heures lorsque nous arrivons à notre point de chute, les
poumons chargés d'un bon gros bol d'oxygène pur et un souvenir indélébile pour
cette belle escapade à la découverte de la fontaine «Gibon»
que beaucoup de Tiarétiens ne connaissent pas ou
n'ont jamais vue.