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Un pilote
d'avion ou un capitaine de bateau pourront-ils jamais trouver leur chemin sans
avoir sous les yeux des données de navigation fiables ? Sans pareils outils,
tous deux iront fatalement vers la catastrophe. Un gouvernement également ne
pourrait jamais trouver ses véritables repères sans statistiques exactes. Toute
la gabegie de la gestion publique repose, d'ailleurs, en sus du facteur
?incompétence' des administrateurs, eux-mêmes, sur des informations
statistiques imprécises, parfois complètement erronées.
L'ordre donné par le président Tebboune lors de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres, qu'il a présidé jeudi dernier, pour s'atteler dans l'immédiat à un recensement général de la population n'est, donc, pas fortuit. Car, sans une information statistique de haute qualité, on ne peut rien faire de sérieux, ni atteindre la bonne gouvernance, quitte à plaider pour dans toutes les tribunes. Parce que, sans l'existence de chiffres objectifs, le résultat, qui sera forcément inexact, briserait toutes les ambitions sur ce plan de la bonne gouvernance. Une bonne gouvernance qui passerait également par le chemin qui s'en rapproche par les caractéristiques, à savoir la numérisation de l'économie. Relevant «des imprécisions dans certains chiffres relatifs au domaine économique», M. Tebboune a rappelé dans ce même cadre que «l'économie ne repose pas sur des estimations approximatives mais sur des statistiques exactes». Ainsi, il a demandé «au ministre concerné de préparer immédiatement un Recensement général de la population afin que la politique de la planification nationale soit fondée sur des bases solides, ce qui permettra de déterminer la consommation nationale quotidienne pour pouvoir adapter notre consommation et nos importations à nos besoins réels». Il a instruit également la création «d'un réseau interactif de statistiques s'étendant à tout le territoire national, de la commune au ministère en charge des statistiques, en vue de faciliter la maîtrise de l'économie». L'évaluation statistique, longtemps déchue de son rôle de principal régulateur du gouvernail de la gestion économique, devrait retrouver ses lettres de noblesse. Et, les choses ne devraient pas s'arrêter en si bon chemin, se limiter à un Recensement général de la population, car d'autres secteurs, le social notamment, souffrent de la même problématique. Sur le plan social, pour l'exemple, on n'a jamais pu avoir une carte exacte ni de la population démunie ni de la population aisée ou riche. On ne connaît avec exactitude ni le nombre des pauvres ni celui des riches. Pourtant, les transferts sociaux en centaines de milliards sont chaque année consentis en faveur de cette population, dont on ne cerne pas encore avec précisions les contours ! Et, on compte pour la seconde catégorie introduire l'impôt sur la richesse alors qu'on n'a pas trace de ce recensement ! Au niveau des communes, puisque c'est à partir de cette cellule de base que se dessinent les statistiques, on tente vainement, depuis des années, de mettre sur pied un recensement des catégories sociales démunies. Les listes en possession des communes ne sont pas identiques à celles détenues par le Croissant rouge algérien, et ces deux dernières ne cadrent pas à 100% avec la liste élaborée dans ce domaine par le secteur des affaires religieuses (mosquées). Bien sûr, sur ce registre spécifique du recensement des catégories sociales démunies et également celles classées dans l'aisance, l'Etat ne doit pas agir seul ou user des seules données dont il détient l'exclusivité. Le recoupement des enquêtes sociales et le perfectionnement de la formation dans ce domaine sont indispensables si on veut arriver à voir plus clair dans ce marais. |
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