
Malgré la vague d'indignation internationale
contre la CAF qui a accepté la domiciliation de la Coupe d'Afrique des nations
de futsal (CAN-2020) dans la ville de Laâyoune occupée, la compétition a bel et bien commencé
hier dans cette ville du Sahara Occidental ayant le statut de région occupée
par le Maroc et ce, avec la bénédiction pour le moins surprenante et «complice»
de la FIFA. En effet, l'instance de Gianni Infantino,
censée pourtant dissocier la pratique sportive de la politique, s'est
pratiquement tirée une balle dans le pied en confirmant avec mépris le
déroulement de cette compétition dans la ville de Laâyoune,
bafouant au passage ses propres lois, notamment les articles 3 et 4 de ses
dispositions générales, interdisant toute discrimination d'un pays, d'un
individu ou d'un groupe de personnes et de respecter tous les droits de l'homme
internationalement reconnus. C'est à travers d'un tweet que la FIFA a présenté,
dimanche soir, l'organisation de ce tournoi comme étant événement devant se
dérouler dans une ville du Maroc, alors que Laâyoune
est considérée par l'ONU comme territoire non autonome sous occupation
marocaine. Une dérive gravissime pour l'instance internationale. Y a-t-il donc anguille sous roche ? Ça en a tout l'air, car
le Maroc s'est contenté de délocaliser à Salé (Rabat) la réunion du comité
exécutif qui était prévue à Laâyoune et ce, pour
éviter de mettre dans l'embarras le président de la FIFA, Gianni Infantino, invité par la CAF.
Ce dernier a été invité par ses
conseillers de ne pas se rendre à Laâyoune afin
d'éviter tout problème, d'où la décision du Maroc de changer le lieu de la
réunion et non pas celui de la compétition. Pour rappel, le collectif des
représentants algériens au sein des instances sportives internationales, dans
un communiqué concluant leur récente réunion à Alger, s'est dit indigné. «Nous, représentants algériens dans les différentes instances
sportives internationales, dénonçons avec vigueur l'accord émis par la Confédération
africaine de football à la décision de la Fédération royale marocaine de
football quant à l'organisation, du 28 janvier au 7 février 2020, de la CAN de futsal dans la ville de Laâyoune
(Sahara Occidental) et ce, en violation des statuts de la CAF, de la FIFA, des
principes de la Charte et des idéaux olympiques ainsi que de la Charte de
l'Union africaine», a écrit le collectif, avant de pointer du doigt la décision
initiale prise par la CAF et son président Ahmad Ahmad,
qui est très proche de Fouzi Lekjaâ,
le président de la Fédération marocaine de football. «La normalisation
de l'occupation du Sahara Occidental, en mettant la communauté africaine et
internationale devant le fait accompli, a été prise en violation totale et
flagrante avec l'éthique sportive et la légalité internationale, du fait de la
nature du conflit au Sahara Occidental dont le dossier est toujours traité par
les organes habilités de l'ONU comme une question de décolonisation». C'est
dire qu'entre le sport et la politique, la FIFA a fait son choix et l'historie prendra certainement bonne note de cette dérive.