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Le président turc effectue
à compter d'aujourd'hui une visite officielle à Alger de deux jours où il
précisera en principe les objectifs d'une coopération bilatérale qu'il a mis en
avant lors de sa venue en 2018. Mais pour cette fois, Erdogan
devrait proposer à Abdelmadjid Tebboune de travailler
étroitement ensemble pour définir un processus de règlement politique de la
crise libyenne.
La conférence internationale pour la paix en Libye tenue à Berlin le 19 janvier dernier a, comme déjà précisé dans ces colonnes, recadré les rôles des pays directement concernés par la crise libyenne. Les pays du voisinage avec à leur tête l'Algérie sont depuis le conclave allemand mis à cet effet en avant parce qu'ils constituent les premières cibles des dégâts collatéraux d'une guerre non conventionnelle impitoyable et parce que leur stratification sociale ressemble de très près à celle des populations libyennes dont ils pourraient convaincre les tribus de plaider et soutenir la cause d'une solution politique à la crise de leur pays. Réunis jeudi à Alger, ces derniers se sont dits prêts à activer fortement en faveur de cette solution avec à la clé la réconciliation entre les belligérants mais sur la base de deux préalables, un dialogue inter-libyen incluant toutes les parties en conflit et aussi et avant toute chose l'arrêt des ingérences étrangères dont les agendas politiques, de renseignements et militaires sont désastreux pour la Libye et pour toute la région. Préalables que l'Algérie brandit depuis le déclenchement du conflit libyen par des résolutions onusiennes absurdes votées sous la pression de pays occidentaux en premier la France de Sarkozy et exécutées par les bombardements des forces atlantistes. Tout en évitant d'avouer son tort dans la gestion de la crise libyenne après l'assassinat du colonel Maamar Kadhafi avec l'aide terrifiante de barbouzes étrangers instruits par des Etats voyous, la communauté internationale se retourne aujourd'hui vers l'Algérie et les pays voisins pour arrêter le massacre. Elle passait sous silence cette guerre régionale jusqu'à ce que la Turquie d'Erdogan décide de venir en aide ?à sa demande- au président du Conseil présidentiel du Gouvernement d'Union Nationale (GNA), Fayez Esserraj, pour contrer l'offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar depuis le 4 avril 2019 pour la prise de Tripoli. Si le maréchal que soutient solidement les Etats-Unis et la France tout autant que l'Egypte, les Emirats, l'Arabie Saoudite n'a pas encore réussi à faire tomber la capitale libyenne, il a accaparé depuis l'année dernière plus de 80% des territoires du pays. Erdogan veut recentrer son rôle dans la région La décision d'Erdogan de déployer des forces armées turques pour sauver Tripoli a poussé la communauté internationale à réagir vite en organisant Berlin et en appelant les 5 pays voisins à la Libye à se rapprocher des belligérants pour les convaincre de déposer les armes et de se mettre à la table des négociations. Erdogan a compris qu'il ne peut faire de pas supplémentaires sans être sérieusement menacé par la colère de ses alliés atlantistes. Il ne peut mener une bataille qu'il sait d'emblée perdue. Il faut rappeler qu'il avait rendu visite le mois dernier au président tunisien fraîchement élu, Kaïs Saïed. Mais il savait que la Tunisie, empêtrée qu'elle est dans la constitution de son gouvernement, n'a pas la poigne pour peser sur le cours des événements chez sa voisine libyenne. Ce qui n'est pas le cas de l'Algérie qui revient sur la scène diplomatique pour en prime son droit légitime de défendre et sécuriser plus de 1000 km de frontières qu'elle partage avec la Libye. Depuis février 2018, date où Erdogan a effectué une visite d'Etat en Algérie, seule la question libyenne pourrait changer la teneur du discours officiel qu'il distillera à l'attention des dirigeants algériens. «L'Algérie est un pays émergent et reste un exemple de stabilité dans une région confrontée à des troubles en permanence», avait déclaré Erdogan à son arrivée à Alger à cette date. Il semble aujourd'hui prêt lui aussi à recentrer le rôle de son pays dans la région autour des nouvelles orientations du règlement de la crise libyenne retenues par Berlin et prises en charge par les pays voisins. Au-delà, les relations bilatérales au plan économiques semblent garder le même cap. En 2018, le président turc avait déclaré que «l'Algérie, qui est une île de stabilité politique et économique en Méditerranée et en Afrique, offre d'importantes et diverses opportunités d'investissement», soulignant que «les entreprises et hommes d'affaires turcs doivent développer leurs activités dans ce pays frère». Erdogan arrive aujourd'hui à Alger avec près de 150 hommes d'affaires. En 2018, ils étaient 200 à s'entretenir avec leurs homologues algériens. Erdogan avait promis «d'augmenter le niveau des échanges commerciaux entre les deux pays pour le faire passer de 3,5 milliards USD actuellement à 5 milliards USD dans les plus brefs délais, puis à 10 milliards USD dans une prochaine étape». Quand la Turquie revient sur les pas de son histoire Pour lui, les Turcs visent toujours en Algérie des opportunités d'affaires dans les secteurs de l'agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables, les travaux publics et l'habitat. Il a soutenu « la nécessité de réunir, dans les meilleurs délais, la commission mixte en vue de donner un nouvel élan et promouvoir la coopération économique pour la hisser au niveau des relations politiques et historiques exceptionnelles qui unissent l'Algérie et la Turquie». En plus de nombreux accords conclus entre les deux pays, le groupe Sonatrach avait lui aussi signé avec son partenaire turc un mémorandum d'entente et de coopération représentant un investissement d'un (1) milliard USD dans le domaine pétrochimique. Erdogan avait émis le vœu en 2018 de voir son pays approfondir la coopération avec l'Algérie dans les domaines politique, économique, culturel, touristique, énergétique et sécuritaire. Il est attendu durant ces deux jours que les Turcs signent des accords de commerce et d'investissements dans plusieurs secteurs. Pour rappel, le président turc avait affirmé que les deux pays sont appelés à «élaborer les accords nécessaires à cette démarche». Il avait souligné que son pays «accorde une grande importance au développement des relations bilatérales dans les domaines culturel et technique et au raffermissement du cadre juridique de coopération entre les deux parties, à la lumière de l'histoire commune qui remonte à des siècles». Les deux pays ont déjà conclu et mis en œuvre des accords relatifs à la réhabilitation de sites historiques à l'exemple de la majestueuse mosquée Ketchaoua d'Alger «exécutée dans le cadre d'une collaboration entre le ministère algérien de la Culture et l'Agence turque de la coordination et de la coopération (TIKA) pour la préservation du patrimoine commun entre les deux pays.» Ankara accorde par ailleurs des bourses d'études aux étudiants algériens depuis 1992. |
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