|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Les représentants de huit pays
occidentaux, de trois pays arabes et quatre organisations internationales
devaient trouver hier, un compromis qui convainc Fayez
Esseraj et Khalifa Haftar
d'éliminer la donne militaire pour amorcer une solution politique à la crise
libyenne.
C'est vers 15h qu'Angela Merkel, a réuni, hier, au siège de la chancellerie allemande, à Berlin, les présidents russe, turc, français, algérien, égyptien, le chef de la diplomatie des Emirats Arabes Unis, l'envoyé spécial du président chinois, le président du Conseil italien, le secrétaire d'Etat américain que Trump a décidé d'envoyer à la dernière minute, le chef de la diplomatie britannique, le président congolais en tant que président du Comité de Haut niveau de l'Union africaine pour la Libye ainsi que les secrétaires généraux de l'ONU et de la Ligue Arabe et le représentant onusien pour la Libye. Mais avant ce conclave de haut niveau, en présence de son ministre des Affaires étrangères, Merkel s'est entretenue avec le président du Conseil présidentiel libyen du Gouvernement d'Union Nationale (GNA) Fayez Essaraj et le maréchal Khalifa Haftar commandant des importantes forces armées basées dans l'Est libyen, mais chacun à part. L'objectif de ces deux apartés était de faire converger les avis des deux belligérants pour tenter de leur faire accepter l'amorce d'un processus de dialogue inter-libyen et préserver le cessez-le-feu entré en vigueur le 12 janvier dernier. «Nous considérons le sommet de Berlin comme une étape importante pour consolider le cessez-le-feu et aller vers une solution politique», a déclaré samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan. L'on rappelle que les pro-Haftar ont bloqué, la veille de cette conférence, les installations pétrolières et gazières du centre et de l'Est de la Libye qu'ils contrôlent depuis 2016. Haftar a décidé de pousser son frère-ennemi, Essarej dans ses derniers retranchements en le privant des rentrées financières des exportations des hydrocarbures, étant connu que ni la Compagnie pétrolière libyenne (NOC) encore moins la Banque Centrale libyenne n'échappent au diktat politique du GNA. Les responsables des tribus ont décidé de ce blocage des terminaux pétroliers «pour ne pas permettre à Tripoli de payer les mercenaires syriens envoyés par la Turquie,» a déclaré samedi soir El Masmari, le porte-parole de Haftar. Ce dernier s'était déplacé deux jours avant en Grèce pour narguer davantage le président turc. Ces pays qui s'ingèrent en Libye Soutenu politiquement, militairement et financièrement par la Russie, la France, les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats Arabes Unis et l'Arabie saoudite, le maréchal a accaparé depuis l'offensive qu'il a lancée le 4 avril dernier de plus de 80 % des territoires libyens. Il compte faire tomber le GNA par un ultime assaut contre Tripoli qu'il bombarde depuis plusieurs mois. En dehors de l'Algérie, l'on relève que Berlin a accueilli, hier, les pays occidentaux et arabes qui s'ingèrent directement dans le conflit libyen notamment en soutenant Haftar. Des ingérences qui ont provoqué la déflagration de la Libye et aggravé la crise dans laquelle ces mêmes pays l'ont précipitée. S'il est appuyé politiquement par la communauté internationale, Esseraj n'est aidé militairement que par la Turquie. Une aide que les soutiens de Haftar rejettent pour des raisons de leadership et de préservation d'intérêts dans la région. C'est ce qui pousse le président du GNA à demander l'envoi en Libye d'une «force militaire internationale» sous l'égide de l'ONU pour prévenir contre une reprise des combats armés par Haftar. Une demande qui a déjà été exprimée la semaine dernière par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Les hôtes d'Angela Merkel à la Conférence de Berlin devaient aboutir à un consensus autour de plusieurs mesures devant faire taire les armes et lancer le processus d'un dialogue inclusif inter-libyen. Il s'agit entre autres de la cessation des hostilités, de la consécration d'un cessez-le-feu durable, de la réforme des secteurs sécuritaire et économique, du retour au processus politique et de l'application du Droit international humanitaire. C'est pratiquement les points contenus dans le document de formalisation du cessez-le feu qui a été signé la semaine dernière, à Moscou, par Esseraj mais pas par Haftar. Ce qui laisse dire à beaucoup d'observateurs que ce cessez-le-feu reste très fragile et précaire. L'envoyé spécial de l'ONU a tenté de baliser les choses en annonçant, avant l'ouverture de la conférence, qu'il sera question pour les participants de mettre en place un comité de suivi de mise en œuvre de tout accord susceptible d'être conclu entre les belligérants libyens. Ceci, si ces derniers acceptent de se mettre autour d'une table pour dialoguer. Ghassan Salamé devait présenter à Berlin un plan dans ce sens puisqu'il a déclaré, hier, à la presse qu'il a une liste de 200 responsables libyens de divers horizons, rivaux dans leur ensemble, qui ont déjà donné leur accord pour amorcer un dialogue politique inclusif dont le premier round devrait être lancé très prochainement, à Genève. Entretiens Tebboune-Erdogan Salamé pense alors que le comité en question où siégeraient certains pays présents à Berlin, devrait se réunir «régulièrement pour examiner les avancées du dossier libyen sur le terrain». Il est avancé par les médias que deux autres comités devraient être constitués pour suivre tout ce qui devrait être fait au plan militaire et économique en Libye. L'on rappelle que ni la Tunisie ni le Maroc n'étaient présents, hier, à Berlin. La présidence tunisienne a justifié son absence par le fait qu'elle a reçu une invitation tardive. L'on sait cependant qu'au plan politique, le président Kaïs Saïed n'a pas le vent en poupe puisqu'il s'est fait rejeter le 10 janvier dernier le gouvernement de Habib Jemli qu'il avait nommé en novembre dernier. C'est l'Assemblée des représentants du peuple que préside Rached Ghanouchi, chef du parti islamiste Ennahdha qui l'a fait sous la pression des démocrates. La porte-parole du palais de Carthage a eu à déclarer, il y a quelques jours que le président Saïed a prévu d'effectuer sa première visite officielle en Algérie mais il ne le fera pas avant de voir l'installation du gouvernement. Son refus d'aller à Berlin doit être lié à cette condition quand on sait que Habib Jemli avait dix jours devant lui pour en revoir la composante et la présenter encore une fois à l'Assemblée. Le délai qui lui était imparti prend fin aujourd'hui. Pour sa part, le Maroc n'a même pas été convié à Berlin. Le MAE marocain a eu avant-hier à rappeler l'accord inter libyen qui a été signé en 2015 à Skhiret et s'est étonné par cette exclusion de son pays. «La crise libyenne est en premier la souffrance d'un peuple (...), la sécurité d'un pays et celle de toute la région maghrébine (...)», a-t-il dit. Il s'est en outre interrogé sur «qui a le droit d'accorder à un certain pays la décision de choisir qui assiste et qui n'assiste pas à Berlin ?!?».... Hier dans la matinée, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a rencontré le président turc, Recep Tayyip Erdogan. D'autres entretiens étaient prévus entre Tebboune et des présidents occidentaux et arabes présents à Berlin. |
|