
Depuis l'officialisation du 1er yennayer
du nouvel an berbère, comme fête nationale coïncidant avec le 12 janvier de
chaque année, une reconnaissance de la triple composante de l'identité
algérienne, islamique, arabe et amazighe. Yennayer
est le premier jour du calendrier agraire utilisé par les Berbères, 950 ans
avant J.-C. jusqu'à nos jours 2970. Yennayer se
décompose donc en Yen signifiant premier et Ayer qui
veut dire mois. Le 1er yennayer donne lieu à des
préparatifs commençant par un grand nettoyage des lieux, car yennayer est aussi synonyme d'abondance, de fertilité. Ce
qu'il y a de si particulier pour célébrer l'avènement de yennayer,
c'est peut-être ce caractère personnalisé qu'on donne à la fête, loin des feux
de la rampe et des festivités officielles. Ainsi, chaque foyer algérien ou
nord-africain, car yennayer est également célébré en
Tunisie comme en Libye ou en Egypte, accueille le nouvel an berbère ou amazigh,
selon les moyens et des croyances bien ancrées depuis la nuit des temps, une
fête païenne qui a son cachet intime en puisant dans la mémoire collective
commune aux peuples de la région.
Des repères que les gens vont ressortir des
traditions plusieurs fois millénaires, l'instant d'une célébration, sans grand
tapage, se remémorer de son passé, un legs des aïeuls, se ressourcer nos rêves,
pour transmettre des traditions. Yennayer c'est donc
un moment charnière, du passage d'une époque à une autre, une mince frontière
entre les «les nuits blanches», en référence aux gelées nocturnes, et les
«nuits sombres» où, dit-on, «renaîtra tout plant ou branche», l'agriculture
comme fondement des activités des populations d'alors. C'est aussi, le
renouvellement du cycle de la vie. Nos grands-mères et mères aimaient recevoir yennayer avec une générosité et une convivialité sans
commune mesure, sans grand faste excessif, un repas, du henné et beaucoup
d'encens, pour faire éloigner les mauvais esprits, nous racontaient-elles. De
nos jours, on essaie de perpétrer ces moments magiques de notre histoire
populaire, autrement dit, plonger dans nos racines pour ne pas oublier. Les
familles rurales, pour certaines d'entre elles, continuent d'évoquer yennayer autour d'un feu, en cet hiver 2970, en relatant
les faits héroïques d'un héros légendaire sorti d'une fable des temps
immémoriaux, de ce guerrier qui terrassa le tyran pour que son peuple puisse
vivre en paix. De Ferkane jusqu'aux confins des
Aurès, en passant par le Sahara des Nememchas, les
réjouissances s'organisent afin de faire durer le bonheur de la nouvelle année
amazighe qui, selon les sages, sera fertile et bien grasse pour tous.