C'est un homme incontournable de la vie publique à
Tébessa. Il est de tous les événements qui ont marqué la cité du cheikh Larbi Tébessi. Depuis l'indépendance, son nom est indissociable
et souvent évoqué dans l'histoire de la ville. C'est en quelque sorte la
mémoire vivante, les dates et les personnages qui ont traversé la région ne
sont aucunement un secret pour lui. Ils vous les citent avec une précision
chirurgicale. Moudjahid, homme public, ancien cadre de l'Éducation, mais Si Ali
Alia est avant tout connu comme le premier P/APC élu pour prendre les destinées
de la commune de Tébessa, au lendemain de l'acquisition de l'indépendance, avec
le legs hérité de la colonisation. Il nous parle de ce que c'était cette
période postindépendance, lui qui a été choisi pour gérer une situation
catastrophique, où il manquait de tout, des réfugiés qui rentraient par vagues
de Tunisie, qu'il fallait soigner, nourrir et loger, entre autres. Si Ali nous
relate ses nombreux séjours en Tunisie, avant le cessez-le-feu, là où il a
côtoyé des dirigeants et cadres de la révolution, où il a forgé son image de
moudjahid luttant pour la cause nationale. Si Ali Alia, c'est aussi une mémoire
fertile, de quelqu'un qui n'oublie pas, il laisse défiler les souvenirs du combat
d'un peuple, tout acquis à sa liberté. À la commande l'APC, il sera également
désigné à l'assemblée constituante siégeant à Alger. Son passage à la tête de
la commune va durer des années, même pendant la décennie noire où il sera
rappelé comme DEC, une énième expérience, mettant à l'épreuve l'homme qui ne
rechigne pas, tant il était imprégné de ce sentiment, de l'appel du devoir à
accomplir. L'enseignement faisait de lui un cadre gestionnaire des
établissements scolaires.
Si Ali ne laisse personne indifférent, il provoque le
débat pour apporter son gain de sel à la discussion, attentif aux autres, au
grand cœur, quand il s'agit d'aider autrui. L'histoire de la région de Tébessa
la connaît sur les bouts des doigts. Il vous dira quand tel ou tel édifice public
a été construit, il me parla de la stèle érigée près du siège de la mairie et
qui aujourd'hui se trouve abandonnée. De la construction de la salle des fêtes,
des premiers logements réalisés pour accueillir les milliers de réfugiés
rentrés de Tunisie. Il évoquait avec un brin de nostalgie les larges
prérogatives accordées au maire, lorsqu'il s'agissait de prendre des décisions
au profit des habitants de la commune. Aujourd'hui, Si Ali venait chaque jour
s'asseoir au café Essaâda pour nous faire revivre ces
moments d'un passé glorieux. Les gens le saluent avec beaucoup de gentillesse
et lui leur répond avec gratitude. Pour la petite histoire, le personnage d'Ali
Alia a été immortalisé dans le film d'Ahmed Rachdi «Le moulin de monsieur
Fabre», rôle joué par le comédien égyptien Azzat El Allayli.