Le
nombre de harraga algériens interceptés en mer ou sur
les plages ibériques, ces derniers jours, est hallucinant, 231. Ceux qui
n'avaient pas encore quitté les eaux territoriales algériennes sont aussi
nombreux, 127. A la moindre accalmie de la météo, le chant des sirènes se fait
entendre et tire à lui des dizaines d'Algériens, désireux de rejoindre l'autre
rive de la Méditerranée, au péril de leur vie. Dans ces traversées de la mort,
quelque chose de particulier et pour le moins horrible est, cependant, relevée.
Des nourrissons, parfois sans leurs parents, sont emmenés sur ces barques de la
mort. Le récit de drames de harraga morts noyés,
d'autres brûlés vifs sur leur embarcation, ou encore les dures conditions de
rétention dans des centres pour migrants, ne semblent pas décourager certains
de nos concitoyens à tenter cette traversée de la mort. Les récits, souvent
exagérés, de harraga qui ont « réussi » en Europe,
semblent plus convaincants que les récits relatant des drames de personnes
mortes et de parents et autres proches n'ayant pu faire leur deuil. Des récits
d'un voyage qui dans de nombreux cas conduira celui qui l'entreprend au fond de
la Méditerranée, ou s'il a de la chance, dans un centre de rétention. Certes,
la recherche d'une vie meilleure est plus que légitime pour tout être humain
sur cette terre, mais à quel prix ? Et le jeu en vaut-il
la chandelle ? Et pour ces nourrissons qui n'ont pas choisi, mais à la place
desquels d'autres ont choisi ?