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Des craquelures commencent à apparaître dans les rangs du Hirak, comme pour «délégitimer» la poursuite sans fin de ce
«mouvement de foule» face au nouveau timonier propulsé au pouvoir par les
urnes, quoi qu'en pensent ses contempteurs. Jusque-là en retrait stratégique,
même s'il est accusé de tenir le «bâton par le milieu», Abderrezak
Makri accueille avec une bonne note d'espoir le
discours inaugural du président élu. Le MSP considère même que le discours
prononcé par le président élu, Abdelmadjid Tebboune
est «rassembleur et contribue à apaiser et ouvrir la voie au dialogue et à la
concertation». Une brèche qui laisse même entendre que des personnalités de la
mouvance islamiste ne seraient pas contre une éventuelle invitation à intégrer
la nouvelle équipe gouvernementale, ou -pourquoi pas- accéder au perchoir de
l'une des deux chambres du Parlement. Une grille de lecture comme une autre,
qui semble faire consensus au sein d'une partie de l'aréopage politique -ou ce
qu'il en reste- et la société civile, surtout que le président lui-même laisse
entendre qu'une instance nationale sera créée pour un «dialogue sérieux» avec
le Hirak, pris dans le creux de la vague.
Mais le nœud gordien reste la représentativité de ce «mouvement de foule» que Tebboune a qualifié de «béni», et qui pourront se prévaloir de parler en son nom ? De nombreux hirakistes, au premier rang lors des premiers vendredis de la contestation populaire, se sont retirés, exprimant leur désaccord franc sur la manière de mener la protesta dans les rues, les objets visés et les moyens d'y parvenir. Déjà à peine la «main tendue» de Tebboune tendue au Hirak, «kidnappé au berceau et pris en otage par des offices toxiques» selon un analyste algérien que des «tentatives de phagocytage» du mouvement populaire qui a épaté le monde entier par son pacifisme et son organisation, sont dénoncées ici et là. Et même si «l'aile dure» du Hirak ne veut pas baisser la garde et ne veut pas, non plus, écouter le message lancé par le nouveau locataire du palais d'El Mouradia, certains animateurs du mouvement ne veulent pas pinailler et comptent s'organiser en vue d'aller vers un «dialogue sérieux au service de l'Algérie et seulement l'Algérie», comme l'a déclaré Tebboune. Des figures du Hirak ont même proposé de formaliser la propre plate-forme de revendications du mouvement en prévision d'un face-à-face avec le nouveau pouvoir en place. Des craintes sont ouvertement exprimées que le dialogue auquel a appelé le président élu ne soit «une continuité» de celui qui a été mené par l'Instance présidée par Karim Younes. Mais la libération des détenus du Hirak devrait aider à débloquer la situation et à s'engager dans une voie salutaire pour tous. A moins que le Hirak veut carrément qu'on lui livre les clefs de la maison Algérie ! Ne dit-on pas que l'art de négocier, c'est réussir un transformer un «non» en un «oui» ?! |
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