Y a-t-il un avenir pour la filière du montage de véhicules en
Algérie ? Le tableau est bien sombre pour avancer une quelconque belle
perspective dans l'immédiat, pour ne pas condamner totalement cet avenir qui
traîne de lourds boulets accrochés aux pieds de ceux qui devaient faire figure
de pionniers dans cette industrie. Les affaires de corruption qui pèsent sur
les principaux hommes d'affaires engagés dans ce créneau ont bloqué l'entrain
de représentants de plusieurs marques mondiales, qui se bousculaient il y a quelques
mois pour obtenir l'accord des services du ministère de l'Industrie et des
Mines et du Conseil national de l'investissement (CNI) pour lancer leurs
projets, et provoqué la paralysie de la chaîne de production de plusieurs
marques, qui semblaient naguère prospères dans ce paysage industriel du montage
de véhicules.
Et le
premier coup de boutoir est venu de la maison ?Volkswagen' qui a décidé de
suspendre, à titre conservatoire, le montage des véhicules par Sovac Algérie, selon une information donnée par l'Agence
allemande de l'information. Indiquant sans ambages que cette rupture de contrat
entre Volkswagen et Sovac Algérie est due aux
enquêtes sur la corruption qui ciblent le patron de Sovac-Algérie,
Mourad Eulmi, en détention provisoire à la prison d'El
Harrach depuis juin dernier, sous le grief d'avoir bénéficié d'indus avantages
dans lesquels sont impliqués Ahmed Ouyahia et
d'anciens ministres. Ainsi, le montage d'une gamme de véhicules des marques,
Ibiza, Golf et Skoda à l'usine de Relizane, est brutalement
freiné par les affaires scabreuses de corruption. D'autres maisons mères de
marques automobiles produites en Algérie dans le cadre de partenariats du
montage de véhicules pourraient suivre le même exemple, notamment si le
partenaire local tombe sous une condamnation définitive pour corruption. L'Etat
compte mettre en œuvre des dispositions pour assurer la continuité des
activités, dans le souci évident d'éviter la perte des postes d'emploi, mais il
y aura des marques qui refuseraient de continuer à travailler en Algérie dans
des conditions opaques. Car, les conditions d'implantation du montage de
véhicules en Algérie restent encore figées à l'ère des ex-ministres qui se sont
sucrés sur le dos du Trésor public. La tâche incombera au prochain gouvernement
de mettre en place un nouveau mécanisme, une nouvelle réglementation claire
dans ce domaine, et espérer relancer les activités du montage de véhicules. Les
autorités devaient être bien conscientes de ces développements malheureux et
leurs retombées néfastes sur le marché auto, notamment en décidant d'autoriser
l'importation des véhicules de moins de trois ans. Une soupape pour les
citoyens qui n'auront plus le loisir, du moins dans l'immédiat, d'acheter un
véhicule produit localement.