Rien
n'est facile, mais rien n'est impossible pour le nouveau président de la
République de passer à la concrétisation de son programme, ses 54 engagements,
cautionné par les électeurs le 12 décembre dernier, dès son investiture.
Cependant, avant de passer à l'acte, en parlant de priorités et autres
réalisations de chantiers politiques et économiques, il faudrait déminer le
terrain social à l'aide d'une opération de reconquête de la confiance des
citoyens. Car, entre les deux, le « pas facile » et « pas impossible », se
glissent doutes et flottements dans les esprits des citoyens, accablés de
mensonges durant plus de deux décennies. Abdelmadjid Tebboune
le savait parfaitement, lui qui a fait de «Engagé pour le changement, capable
de le réaliser» le slogan fort de sa campagne, et qui a assuré publiquement
lors de sa première conférence de presse que le changement sera perceptible dès
les premiers mois. Donc, pas besoin du tout de s'interroger s'il aura la
possibilité ou une marge de manœuvre suffisante pour entreprendre la
concrétisation de son programme, puisqu'il ne laisse place à aucun doute. En
sus des mesures d'apaisement à engager, dont la grâce probable en faveur de
détenus emprisonnés pour délits légers, politique ou social, selon les termes
de M. Tebboune, pour provoquer le déclic d'un
dialogue sérieux et constructif avec les représentants (qui doivent, là aussi,
se constituer) du « Hirak », il s'agit de s'attaquer
à la loi fondamentale, la révision de la Constitution, qui définirait le visage
de la nouvelle République. Ainsi qu'une
nouvelle loi électorale, qui éliminerait radicalement l'argent sale de la
gestion des affaires publiques. Ce « bloc » des défis politiques figure parmi
la priorité des priorités du président de la République, comme il l'a laissé
entendre lors des ses sorties durant la campagne
électorale et peu de temps après l'annonce des résultats du vote par l'Autorité
nationale indépendante des élections (ANIE). L'autre chantier aussi urgent
qu'indispensable, dont on parle peu, et qui n'est pas de moindre aise, sera la
constitution d'un nouveau gouvernement apte à faire marche avec l'ambitieux
programme du président de la République. Chose reconnue par M. Tebboune, qui a avoué que cela n'est pas facile de
rassembler une équipe gouvernementale, dont les membres seront jugés et évalués
par les médias et l'opinion. La tâche sera également laborieuse sur le plan
économique, où les élus ont besoin de mettre en œuvre des mécanismes nouveaux
et efficaces pour rectifier la courbe à la dérive. Tout, ou presque, a été
expliqué à ce sujet par M. Tebboune, qui vise
l'application d'une nouvelle politique de diversification de l'économie
nationale pour se libérer de la dépendance aux ressources des hydrocarbures, la
promotion des produits locaux, des start-up, ainsi que la rationalisation des
importations, notamment à travers l'élimination des procédés frauduleux de la
surfacturation. Et ce n'est pas tout, car il y a également d'autres chantiers
non moins prioritaires à engager, mais qui nécessitent un audit profond avant
de passer aux remèdes, dont l'Education et la Santé, déclarées « sinistrées »
par M. Tebboune lors de ses interventions durant sa
campagne électorale, sans trop s'avancer sur ce qu'il faudrait faire sur ces
terrains sensibles. Il a juste avancé un brin d'idée sur le plan du
redressement de la Santé, en préconisant qu'il faut axer les efforts sur la
prévention, car cela pèserait moins sur la facture et éviterait à la population
de contracter des maladies qu'on peut éviter grâce à une meilleure politique de
prévention. En somme, « prévenir vaut mieux que guérir », et cela n'est pas de
mise uniquement dans le domaine de la Santé, mais partout ailleurs, dont la
prévention des conflits sociaux, qui vaut mieux que la gestion des grèves.