Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Candidats à la présidentielle : la solitude des coureurs de fond(s)

par Abdelkrim Zerzouri

Sur le plan international, l'évènement de l'élection présidentielle en Algérie passe sous un silence sournois. Si les gouvernements étrangers adoptent une position de prudence, voire d'attentisme, lorsqu'il s'agit de s'exprimer sur cette actualité politique si lourde, soit le lancement officiel d'un processus d'un retour à la légitimité constitutionnelle en Algérie, les médias de ces pays se laissent aller à des analyses qui, globalement, écorchent ce processus à travers des comptes rendus qui livrent une image sombre de la campagne électorale, puisque c'est le bout par lequel on tient le fil de l'actualité algérienne. « Une campagne quasi clandestine », titrent certains médias étrangers quand ils abordent cet évènement, d'autres considèrent cette campagne « inaudible » et certains braquent la lumière sur tout ce qui fait l'actualité « parallèle ». Bien évidemment, chacun est libre de ses opinions, mais quand on parle de campagne quasi clandestine à la première heure de son lancement, des points d'interrogations surgissent dans l'esprit. Nos voisins de l'Est, où le même évènement a eu lieu récemment, et qui ont bénéficié d'une importante couverture médiatique étrangère, avec des envoyés spéciaux algériens, gardent une discrète médiatisation de ce rendez-vous. En France, la précaution est de mise chez les officiels, qui ne se précipitent pas pour apporter leur soutien au déclenchement du processus de retour à la légitimité constitutionnelle. Pourtant, on soutenait dans les rares occasions de sorties médiatiques officielles que c'est au peuple algérien de décider de son avenir. N'est-ce pas là, avec l'élection présidentielle, une opportunité pour le peuple algérien de décider de son avenir ? Rien n'est fortuit en politique, le silence pèse parfois plus que des déclarations arrondies selon des angles diplomatiques. La campagne électorale de cette élection présidentielle n'est pas très bruyante, pas du tout «audible» comme celles qui l'ont précédée, mais c'est quand même une campagne électorale menée par cinq candidats, dont l'un sera forcément le prochain président de l'Algérie. Il ne faut guère s'attendre à la sympathie des autres, l'Algérie est bien habituée à cette solitude dans ses moments difficiles, mais force est de reconnaître qu'il y a plusieurs facteurs et considérations qui pèsent, effectivement, sur le cours de la campagne électorale, dont le manque d'argent. Tous les candidats à l'élection présidentielle souffrent du manque de moyens financiers pour faire le show médiatique. Et comme l'argent est le nerf de la guerre, les candidats ne se font pas trop entendre chez eux et à fortiori en dehors de nos frontières. Comment demander à un candidat d'animer comme il se doit une campagne électorale quand il rencontre des difficultés dans ses déplacements à l'intérieur du pays, que dire quand il doit payer en monnaie forte ? Jamais dans l'histoire on n'a connu une panne financière aussi dramatique en période électorale. Les «mécènes» des campagnes électorales se trouvent presque dans leur ensemble derrière les barreaux. Et le peu qui reste encore libre, ne se hasarde pas de mettre la main à la poche par crainte de se trouver au banc des accusés pour financement occulte de campagne électorale ou d'attirer l'attention sur soi, tout simplement ! C'est l'effet boomerang de la lutte contre l'argent sale. On doit bien l'accepter, mais on aurait été mieux avisé de trouver « des mécanismes d'amortissement », financier, pour oxygéner la campagne électorale et permettre aux cinq candidats de faire le show médiatique, ici et ailleurs. Et, surtout, ne pas les laisser dans la solitude des coureurs de fond(s).