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Le boulimique penchant de l'exécutif Bedoui à s'attaquer aux sensibles dossiers
par Kharroubi Habib
Pour avoir
été désigné de façon extraconstitutionnelle et ayant à sa tête l'un des
symboles de l'ère Bouteflika dont le peuple exige sans désemparer le départ, le
gouvernement Bedoui aurait dû se limiter à assurer le
fonctionnement de l'appareil étatique et à l'expédition des affaires courantes.
Au lieu de cela, ce gouvernement contesté a pris l'initiative de s'attaquer à
des dossiers dont la sensibilité exige que leur traitement soit le fait d'un
exécutif et d'institutions dont la légitimité doit faire consensus tant auprès
du peuple que de la classe politique.
La
justification qu'il donne à son boulimique activisme en la matière est
l'urgence qu'il y aurait à remédier à ce qui dans ces dossiers est paralysant
pour le redressement national tant au plan politique qu'économique ou
judiciaire. Il est vrai que les dossiers en question tels que celui de la
révision de la loi sur les hydrocarbures, l'amendement des procédures du code
pénal ou des droits à la retraite doivent impérativement être mis sur la table.
Mais cette urgence dont personne ne nie qu'elle s'impose au pays aurait pu
s'accommoder d'un différé de prise en compte que nécessite la situation
politique. Il n'est pas du ressort du gouvernement Bedoui
d'apporter des solutions à ces dossiers. Il n'a, répétons-le, aucune légitimité
à le faire, d'autant que cela aura pour conséquence d'imposer pour un temps au
moins le fait accompli à ceux des dirigeants qui prendront les commandes du
pays à travers l'élection présidentielle dont le pouvoir organise au pas de
charge le scrutin, soit avec la mise en place d'une transition que revendiquent
ses opposants. Ce n'est donc pas sans raison que le mouvement populaire réclame
le retrait des projets gouvernementaux ayant trait aux dossiers sensibles en
question même s'ils constituent la réponse adéquate aux problèmes qui leur sont
inhérents. L'initiative du gouvernement Bedoui est en
effet perçue comme une tentative d'imposer des réformes ou des aménagements
dans la plus pure tradition du régime décrépi à savoir sans tenir compte de la
volonté souveraine du peuple. Ce n'est pas en faisant adopter ses projets par
l'APN encore plus décriée que lui que le gouvernement Bedoui
démentira l'intention qui lui est prêtée de lier les prochains exécutifs par
les décisions qu'il prend au sujet de ces dossiers et par là même faire barrage
au changement radical espéré et revendiqué par la population. En s'attaquant à
ces dossiers, Bedoui et son gouvernement donnent
l'impression qu'ils ne sont pas convaincus que l'élection présidentielle du 12
décembre offrira une sortie de crise au pays et se voient être pour longtemps
encore aux commandes. Ce qu'ils pensent anticiper en mettant en place les
batteries de lois et réformes qui correspondent à leur vision de ce que doit
être l'après-Bouteflika.
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