|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La
situation se corse entre le syndicat national des magistrats (SNM) et le
ministère de la Justice. En dépit des appels au dialogue, de part et d'autre,
les deux parties campent sur leurs positions. Le SNM fait monter d'un cran la
pression.
Ce dernier a en effet franchi-hier un pas vers la radicalisation en affirmant clairement qu'il allait «déclencher une tempête» dans le cas où un magistrat serait sanctionné par le ministère de la Justice. «En l'absence d'une solution à la crise, le mouvement de protestation se poursuivra avec la même cadence, tout en veillant à plus de discipline afin d'éviter tout dérapage potentiel en faisant face aux mesures d'improvisation prises par le ministère», a annoncé dans un communiqué le syndicat qui souligne toutefois que le SNM saluera toute initiative susceptible d'aider à résoudre la crise et dans les meilleurs délais. Les magistrats soutiennent que leurs revendications n'ont aucun caractère personnel ou corporatiste. «Les magistrats ne sont pas une bande ni les résidus de la bande. Ils veulent l'instauration d'une justice indépendante», note le communiqué du SNM qui s'interroge par ailleurs sur le «silence bizarre et incompréhensif» des institutions de l'Etat et de l'opinion publique. «Les magistrats ont toujours fait preuve de sens de la responsabilité et d'amour pour leur pays, loin de toute surenchère. Les services du ministère doivent cesser leurs procédés policiers dans la gestion de la crise», ajoute la même source qui met sans ambages en garde contre «toute atteinte à un juge quelle que soit sa situation». Selon le communiqué, les magistrats souhaitent revenir au fonctionnement normal et ne pas retarder les affaires des citoyens pour une période plus longue. Le SNM pose toutefois ses conditions pour une reprise du travail et qui consistent dans la mise en œuvre de «mesures rationnelles pour mettre fin à la situation, de sorte à préserver l'autorité des institutions de l'État et aussi la dignité des magistrats et l'intérêt des justiciables». Le club des magistrats d'Algérie a déploré hier le dernier communiqué du ministre de la Justice qui avait qualifié le mouvement de grève des magistrats d'illégal et de contraire à la loi, reprochant aux juges d'avoir manqué à leur engagement. «Le club des magistrats rappelle au ministre que le taux d'adhésion au boycott a frôlé des niveaux records (?) Il aurait été préférable que la tutelle ne le minimise pas dans une vaine tentative de nier la réalité», souligne le Club des magistrats qui a tenu à défendre «le droit des juges à faire grève». Il faut rappeler que le ministère de la Justice a dit jeudi dernier dans un communiqué sur la grève des magistrats «être ouvert à toute initiative dans le cadre du dialogue sérieux respectant l'indépendance des institutions, les droits du magistrat, les intérêts des justiciables et l'intérêt suprême de la société». «Le ministère de la Justice demeure ouvert à toute initiative dans le cadre du dialogue sérieux respectant l'indépendance des institutions, les droits du magistrat, les intérêts des justiciables et les intérêts suprêmes de la société, qu'il convient de placer au-dessus de toute considération», précise le communiqué. Le ministère a annoncé «la programmation d'une deuxième session ordinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) au cours de la troisième semaine du mois de novembre pour examiner les recours introduits au sujet du mouvement annuel des magistrats», appelant «l'ensemble des magistrats qui s'estiment lésés à introduire leurs recours qui seront tranchés dans le cadre des dispositions de l'article 19 de la loi relative à la composition du Conseil supérieur de la Magistrature, ses actions et ses prérogatives». Le ministère a également exprimé «son profond regret de voir de nombreux magistrats poursuivre leur débrayage en contradiction des textes juridiques interdisant ou organisant la grève au moment où ils sont tenus d'assumer une obligation fondamentale en vertu de leur fonction, à savoir le respect de la loi et la fidélité au serment qu'ils ont prêté et qui les oblige à tenir, en toute circonstance, une attitude fidèle aux principes de la justice». Le ministère regrette que «des magistrats de certaines juridictions entravent la liberté de travail en faisant recours à des méthodes inciviques en dépit de l'engagement du président du syndicat national des magistrats (SNM) lors de sa réunion avec le ministre de la Justice, garde des Sceaux, le 29 octobre 2019, à mettre fin à tous ces comportements en publiant un communiqué dans lequel il appelle au respect de la liberté du travail des magistrats», estimant que le «non-respect de cet engagement a mené à une atteinte aux droits des citoyens et à leurs libertés, lesquels n'ont pas bénéficié d'un service minimum comme il est en vigueur sur les plans national et international». |
|