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Présidentielle: 22 candidats à la candidature et des supputations

par Ghania Oukazi

L'Autorité nationale indépendante des élections a réceptionné samedi dernier les dossiers de 16 candidats à la candidature qu'elle doit traiter sur les sept jours qui viennent.

De comptage en comptage tout au long de ces derniers jours, le deadline fixé au samedi 26 octobre à minuit en a donné le dernier et le définitif. Ce sont 22 candidats à la candidature sur les 147 inscrits qui se sont déplacés au siège de l'ANIE pour remettre leur dossier finalisé. Beaucoup l'ont fait entre vendredi et samedi. Le dernier a même dépassé de 5 minutes le timing prescrit par la loi en vigueur en se présentant à zéro heure passée à Club des pins pour remettre les gros paquets des imprimés des signatures individuelles. Ils ont tous « remercié Dieu » pour les avoir aidés et permis de collecter les 50 000 signatures, et plus pour certains, à travers 25 wilayas à raison de 12.000 signatures par wilaya. C'est ainsi que la première étape éliminatoire de joutes électorales à venir a pris fin samedi dernier. Hier a commencé le compte à rebours de la seconde et dernière phase éliminatoire des candidatures qui s'étendra jusqu'au 2 novembre prochain. Dans 7 jours, l'ANIE devra rendre public les noms de ceux qui ont réussi l'examen des parrainages. Il est clair que ceux des candidats qui ont des partis, des appareils, des réseaux ou les trois à la fin derrière eux, ont réussi leur collecte de signatures au pied levé. Les autres, inconnus et sans soutiens bien définis, ont, selon leur entourage, galéré pour convaincre de simples citoyens de soutenir leur cause d'accéder à la magistrature suprême. Il est ainsi d'ores et déjà certain que ce ne sont pas les 22 candidats qui vont être retenus. La sélection est inévitable. D'ailleurs, l'on s'attend à ce que tous ceux qui vont être éliminés de la course pour raison de dossier « incomplet » crieront au loup dans la bergerie. Il y aura certainement beaucoup de candidats à la candidature qui vont faire en sorte de démontrer que les candidats issus du régime ont été aidés par l'administration dans la constitution de leur dossier dans les délais impartis et même des délais record. Et ceux-là, c'est-à-dire les candidats apparentés au pouvoir qui réussiront le test de l'ANIE vont s'observer mutuellement et minutieusement durant la campagne pour pointer du doigt le moindre indice d'impartialité de l'administration en faveur de l'un ou de l'autre d'entre eux. La campagne électorale s'annonce rebelle pour une course des plus serrée vers le palais d'El Mouradia. L'on note que dès que le Conseil constitutionnel validera les candidatures, aucun des prétendants ne pourra quitter le « peloton » parce que la loi le lui interdit. L'on rappelle que trois des 147 candidats ont déclaré forfait il y a quelques jours faute de n'avoir pas réuni le nombre de signatures requis. Forfait qui a été justifié notamment par les grandes difficultés qu'ils ont affirmé avoir rencontrées au niveau de l'administration.

Toutes les supputations sont permises sur le nombre exact de candidats qui va enclencher sa campagne électorale. Des observateurs vont jusqu'à avancer qu'il est possible que les élections du 12 décembre prochain seront à deux tours, chose inédite en Algérie. Mais beaucoup d'entre eux s'interrogent si le pouvoir est capable d'aller vers ce jeu imprévisible dont les fils risquent de lui être enlevés des mains en ces temps incertains et de fortes manipulations. « Des élections à deux tours, c'est comme la roulette russe, on ne sait jamais si c'est cette unique balle qui est tirée ou pas, c'est à ses risques et périls » affirment d'anciens responsables. Vivant de fortes pressions depuis un certain temps, le général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense, le chef d'état-major de l'ANP semble trouver de la peine à garder le cap sur ce qu'il a prévu de faire. Les menaces de désobéissance civile se font multiples et préviennent de bouleverser l'ordre qu'il a établi depuis le 2 avril dernier, jour où il a poussé le président Bouteflika à la démission « immédiate ». La journée du 1er novembre prochain qui coïncidera avec un vendredi est sans doute porteuse de l'épreuve la plus dure que va vivre le pays depuis qu'il est cadencé par le « hirak », tant ceux qui rejettent les élections présidentielles menacent de changer de ton. Rien n'est encore joué. « A la dernière minute, le pouvoir peut opter pour une assemblée constituante pour pouvoir travailler sur des compromis de survie », pensent nos interlocuteurs. Toutes les analyses sont permises en l'absence regrettable d'un consensus national autour d'une sortie de la crise politique.