Même si la
rentrée sociale n'a pas complètement impacté le gouvernement qui, faut-il le
reconnaître, a su désamorcer certains conflits latents, le front social, devenu
indissociable de l'actualité politique, risque de faire beaucoup de mal. Face à
la remobilisation du hirak, la grogne suscitée par
des lois impopulaires et le tollé soulevé suite à l'incarcération des
activistes et militants du mouvement du 22 février, le gouvernement Bedoui doit maintenant faire face au retour offensif des
syndicats autonomes. Souvent discrets depuis le début du mouvement populaire,
ces organisations reviennent de nouveau à la une de l'actualité, le 29 octobre
prochain, avec la Confédération des syndicats algériens (CSA) qui a appelé à
une grève générale suivie d'une marche à travers les 48 wilayas du pays. Si
d'habitude la contestation syndicale était circonscrite et ses manifestations
publiques interdites et réprimées, elle coïncide cette fois avec le mardi des
étudiants créant une convergence qui pourrait suggérer d'autres alternatives au
mouvement populaire. Un choix loin d'être fortuit puisqu'au
delà de l'aspect purement socioprofessionnel, la contestation ouvrière
s'étend à des revendications politiques. En effet, le communiqué du CSA, et en
plus de dénoncer la loi sur les retraites et les hydrocarbures, soutient
ouvertement le mouvement populaire et appelle à la libération de tous les
détenus politiques. A ce propos, elle dénonce les arrestations massives des
manifestants et la répression constatée lors des marches hebdomadaires. C'est
l'une des rares fois que les syndicats autonomes s'expriment sur un tel sujet
même s'il y a eu des appels isolés de soutenir le hirak.
La CSA, sans oublier sa vocation originale, explique son action par l'actualité
nationale, politique et économique, dénonçant l'inflation et se disant
préoccupée par la situation précaire des travailleurs marquée par la baisse
vertigineuse du pouvoir d'achat et la dégradation des conditions de travail.
Tout en exigeant le départ de Bedoui, une
revendication purement politique, la CSA s'interdit pourtant de se prononcer
sur les prochaines présidentielles. Une précaution qui pourrait s'expliquer par
sa volonté d'y jouer un rôle d'arbitre même si le ton du communiqué ne fait
aucun doute quant à son positionnement sur des dossiers aussi sensibles que
consensuels tels que les hydrocarbures, le travail, la santé publique, la
sécurité sociale ou encore la retraite et le recours au gaz de schiste.