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La Ligue arabe se souvient qu'il existe une souveraineté des Etats

par Kharroubi Habib

Dans le communiqué qui a sanctionné la réunion d'urgence au Caire de la Ligue arabe à la suite d'une requête de l'Egypte afin d'évoquer l'offensive militaire turque dans le nord-est de la Syrie où les Kurdes ont établi une zone autonome d'où Ankara veut les chasser, les ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres ont fait part de leur «ferme» condamnation de l'opération qu'ils ont qualifiée «d'agression et d'invasion d'une terre arabe». Ces même ministres ont dit réfléchir à «des mesures urgents pour faire face à l'agression turque qui constitue selon eux une «menace pour la sécurité nationale arabe».

La première mesure que ces Etats arabes auraient dû prendre aussitôt était qu'ils se mettent d'accord pour réintégrer la Syrie au sein de la Ligue arabe en signe de solidarité avec ce pays dont c'est une partie du territoire qu'Ankara est en train d'occuper. Ce qu'ils se sont abstenu de faire en ignorant l'appel dans ce sens formulé par le ministre libanais des Affaires étrangères, approuvé seulement par les représentants de l'Algérie et de l'Irak. Si la majorité des membres de la Ligue arabe persiste à maintenir la Syrie en dehors de l'organisation c'est en raison que, comme la Turquie, la plupart des pays arabes ne veulent pas du retour de l'ensemble du territoire syrien sous le contrôle du gouvernement légal de ce pays.

Il y a seulement qu'ils sont contre l'offensive turque «parce qu'elle est le fait d'une puissance avec laquelle ils sont en rivalité d'intérêts géopolitiques régionaux et pour certains sur le leadership du monde musulman sunnite. Ils n'ont pas en effet émis la moindre protestation contre l'occupation de fait du Nord-est syrien par les soldats américains auxquels sont venus en renfort ceux d'autres pays occidentaux. Pourtant si le projet turc pour cette zone du territoire est d'en chasser les Kurdes qu'Ankara considère comme acquis au parti du Kurdistan, PRR, qu'elle a classé terroriste, celui des Etats-Unis et de leurs alliés européens est d'en réaliser la sécession au profit de ces Kurdes. Dans les deux cas, ce sont la souveraineté et l'intégrité nationale de l'Etat arabe syrien qu'ont violé et remettent en cause les agresseurs turcs et occidentaux. La Ligue arabe qui dénonce la Turquie et exige d'elle qu'elle mette fin à son agression, n'a pas pipé un mot sur celle entreprise par les Occidentaux. Ceux de ces membres qui lui dictent ses réactions et prises de position ont en effet partie liée avec ces derniers dans le plan de recomposition de la carte géopolitique du Moyen-Orient dont l'enjeu est le maintien de cette région sous l'influence exclusive de l'Occident. Une influence qui est l'unique assurance de survie de régimes arabes en question.